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Hong Kong: pourquoi la "Révolution des parapluies"?

Les graphistes favorables à la cause des manifestants se sont appropriés l'image du parapluie pour marquer leur soutien.

Les graphistes favorables à la cause des manifestants se sont appropriés l'image du parapluie pour marquer leur soutien. - Kacey Wong - Twitter

Les manifestations ne faiblissent pas à Hong Kong, où les militants pro-démocratie continuent d'affluer, deux jours après les derniers affrontements avec la police. Un symbole les réunit désormais: le parapluie. Pourquoi?

Un parapluie, comme pour se protéger du contrôle que le pouvoir central de Pékin exerce sur la vie politique de Hong Kong, revenu sous sa coupe depuis 1997. Les manifestants qui occupent depuis quatre jours les rues de deux quartiers de l'ancienne colonie britannique ont trouvé leur symbole, et sur les réseaux sociaux, on peut désormais suivre le déroulement des événements avec le mot-clef #umbrellarevolution.

Ce parapluie est devenu omniprésent, et affiche sa silhouette sur les pancartes, les logos, les visuels diffusés sous forme d'autocollants, d'affiches, ou à travers les réseaux sociaux. Il est devenu le signe de ralliement, détrônant le ruban jaune jusqu'ici utilisé par les contestataires.

Les manifestants protestent contre la récente décision du gouvernement de laisser Pékin contrôler les candidats aux élections. Ils souhaitent protéger le statut particulier de Hong Kong au cœur de la Chine, et ne veulent céder aucun droit démocratique.

Parapluies contre lacrymos

Que ce soit pour protéger de la pluie ou du soleil, le parapluie fait partie du paysage de Hong Kong. Avec les récentes manifestations, il a trouvé un nouvel usage: protéger contre les gaz lacrymogènes des forces de l'ordre, voire des projectiles et des canons à eau. Il est devenu l'outil indispensable dans les rassemblements.

Les manifestants se confrontent à la police devant le siège du gouvernement, le 28 septembre.
Les manifestants se confrontent à la police devant le siège du gouvernement, le 28 septembre. © Alex Ogle - AFP

Cela n'a pas échappé aux médias du monde entier qui couvrent les événements, et qui ont commencé à utiliser le terme de "Révolution des parapluies". Un terme que les contestataires ont fini par s'approprier. Le groupe Facebook du mouvement s'est baptisé "Umbrella Movement", expliquant le léger glissement de vocabulaire dans une note: "Les médias étrangers ont appelé ce mouvement la 'révolution des parapluies'. Ce n’est guère une révolution. 'Mouvement des parapluies' est un nom plus approprié dans ce contexte".

Les manifestants ont gagné un symbole très fort, un thème graphique frappant, accompagné d'un vocabulaire fédérateur: ils sont le parapluie qui va protéger Hong Kong de la tempête.

Les pistes new-yorkaise et anglaise

Slate.fr a enquêté sur l'origine de cette expression. Selon eux, la première occurrence de "Umbrella Revolution" sur Twitter date du 26 septembre, à 20h20. Un certain "Aureliano Buendia" (c'est aussi le nom d'un personnage de Cent ans de solitude, un roman de Gabriel Garcia Marquez) utilise cette expression pour relayer des photos de la contestation.

L'utilisateur de Twitter se présente comme un New-Yorkais de 40 ans ayant travaillé dans la finance, pour le gouvernement serbe et les Nations unies; il n'est lui-même pas certain d'être réellement le premier à avoir utilisé cette expression. En effet, n'ayant pour lui que 315 abonnés, et ce tweet n'ayant été relayé que quinze fois, il paraît peu probable qu'il ait été seul à l'origine d'une telle évolution sémantique. 

C'est ensuite le quotidien anglais The Independent, rapporte Slate.fr, qui utilise cette expression quelques heures plus tard, pour la "une" de son édition numérique. Dès lors, des journalistes influents basés à Hong Kong tels qu'Adrian Chen se le sont réappropriés, et le hashtag #UmbrellaRevolution est né.