Holocauste: d'après des archives de l'ONU, les alliés savaient dès 1942

Déportés le jour de la libération d'Auschwitz-Birkenau, le 27 janvier 1945. - Elizaveta Svilova / AFP
Le 27 janvier 1945, les troupes soviétiques repoussant la Wehrmacht découvrent le camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau, en Pologne. C'est aux yeux du monde effaré la réalité de la Shoah qui se livre dans toute son horreur. Depuis, une question taraude les victimes et leurs familles comme les historiens: qui savait et à partir de quand? Un nouveau fonds historique accessible depuis quelques jours donne un nouvel éclairage sur la question. Il s'agit des archives de la Commission des Nations unies pour les crimes de guerre. Entre autres détails de l'holocauste contre les Juifs, les Tziganes, les homosexuels et de manière générale contre tous les opposants politiques ou supposés tels ou résistants au régime nazi, ces documents révèlent que les alliés connaissaient l'existence des camps bien avant leur libération officielle.
Les documents font ressortir que les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l'URSS étaient au courant des meurtres de masse dès décembre 1942.
"Les grandes puissances ont commenté ces événements deux ans et demi avant la date généralement admise. Il a été convenu qu'ils ont appris ces faits au moment de la découverte des camps, mais ils ont formulé des commentaires publics dès décembre 1942", constate auprès de The Independent Dan Plesch, historien britannique qui publie opportunément un ouvrage Human rights after Hitler documenté avec ces fonds.
Plus précisément, les archives montrent que ces gouvernements savaient que déjà deux millions de Juifs avaient été exterminés et que cinq autres millions couraient un très grand danger. Ils le savaient puisque des incriminations - autre que le crime contre l'humanité qui n'existait pas encore, puisque inscrit en 1945 dans les statuts du tribunal de Nuremberg - étaient déjà en préparation.

Les alliés savaient, mais qu'ont-ils fait?
Après "depuis quand savaient-ils?", une autre question vient: "Qu'ont fait les alliés pour venir en aide aux victimes des camps?" Selon Dan Plesch, les alliés n'ont pas tout mis en œuvre pour éviter les massacres annoncés. L'historien se fonde sur les documents qui depuis 70 ans n'étaient visibles qu'après autorisation du secrétaire général des Nations unies.
Ainsi en mars 1943, Viscount Cranborne, membre du cabinet de guerre de Winston Churchill, expliquait que les Juifs ne devraient pas être considérés comme un cas particulier et que l'Empire britannique accueillait déjà trop de réfugiés pour offrir un havre à tout le monde.
Fin décembre 1942 encore, le secrétaire d'Etat britannique aux Affaires étrangères, Anthony, Eden déclarait devant le Parlement: "Les autorités germaniques, non contentes de dénier, aux personnes de la race juive (sic) présentes dans les territoires sur laquelle s'étend leur loi barbare, le plus élémentaire droit humain, sont maintenant en train de mettre en œuvre le dessein maintes fois répété d'Hitler d'exterminer le peuple juif."