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Heurts entre opposants à Morsi et policiers place Tahrir

Place Tahrir au Caire, affrontements entre forces de l'ordre et manifestants, qui se sont rassemblés mardi pour la cinquième journée consécutive pour réclamer l'abrogation du décret élargissant les prérogatives du chef de l'Etat Mohamed Morsi. /Photo pris

Place Tahrir au Caire, affrontements entre forces de l'ordre et manifestants, qui se sont rassemblés mardi pour la cinquième journée consécutive pour réclamer l'abrogation du décret élargissant les prérogatives du chef de l'Etat Mohamed Morsi. /Photo pris - -

par Edmund Blair et Tamim Elyan LE CAIRE (Reuters) - Des heurts ont éclaté place Tahrir au Caire mardi entre forces de l'ordre et opposants au...

par Edmund Blair et Tamim Elyan

LE CAIRE (Reuters) - Des heurts ont éclaté place Tahrir au Caire mardi entre forces de l'ordre et opposants au président Mohamed Morsi qui réclament l'abrogation d'un décret qui, disent-ils, menace de plonger l'Egypte dans une nouvelle ère dictatoriale.

L'appel à la mobilisation lancé par les libéraux, les laïcs et des organisations de gauche marque une escalade dans la crise la plus sérieuse que traverse le pays depuis l'arrivée au pouvoir en juin de Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans, et expose au grand jour la fracture entre la confrérie islamiste et ses opposants.

La police a fait usage de gaz lacrymogène contre des jeunes manifestants qui leur jetaient des pierres dans les rues adjacentes à la place Tahrir, symbole de la révolution qui a renversé le régime d'Hosni Moubarak en février 2011.

Des manifestations ont également eu lieu à Alexandrie, Suez, Minya et d'autres villes du Delta du Nil.

Un manifestant de 52 ans est mort après avoir inhalé du gaz. Il s'agit du second décès survenu lors de manifestations depuis jeudi, date de la publication du décret controversé.

Ce texte, qui élargit les prérogatives du chef de l'Etat, empêche toute contestation des décisions présidentielles dans l'attente de l'élection d'un nouveau parlement, ce qui ne devrait pas intervenir avant le milieu de 2013.

Les adversaires du président Morsi estiment que le décret révèle les tendances autocratiques d'un apparatchik des Frères musulmans qui avait été jeté en prison sous l'ère Moubarak.

"Nous ne voulons pas d'un nouveau dictateur. Le régime de Moubarak était dictatorial. Nous avons fait la révolution pour avoir la justice et la liberté", explique Ahmed Husseini, 32 ans, présent tôt mardi sur la place centrale du Caire.

ÉVITER LA CONFRONTATION

Dans un geste semble-t-il d'apaisement, Mohamed Morsi a accepté lundi soir un compromis proposé par le Conseil suprême de la magistrature qui prévoit de réduire la portée de ce décret.

Il a accepté que seules ses décisions relatives aux "domaines de souveraineté" ne puissent pas faire l'objet de recours en justice.

Selon les experts judiciaires, les domaines de souveraineté couvrent les éventuelles déclarations de guerre ou la convocation d'élections anticipées. Par le passé, ce terme a été utilisé de manière plus large, laissant une grande place à l'interprétation.

Le chef de l'Etat a rappelé lundi le caractère temporaire du décret qui sera abrogé une fois la nouvelle Constitution adoptée et le nouveau Parlement élu.

Le gouvernement de Mohamed Morsi affirme que le texte ne vise pas à concentrer les pouvoirs mais au contraire à les déléguer et éviter une politisation de l'appareil judiciaire.

Les Frères musulmans et le parti salafiste Al Nour ont de leur côté annulé leur appel à manifester au Caire mardi pour éviter une confrontation avec l'opposition.

Plusieurs élèves de la mosquée d'Al Azhar ont toutefois rejoint les rangs de manifestants.

"Nous avions demandé l'abrogation du décret et cela ne n'est pas produit", explique Mona Amer, porte-parole du mouvement de l'opposition Courant populaire, qui a appelé à manifester.

"Le président de la République peut mettre ses illusions de côté et prendre la seule mesure capable de résoudre la crise: annuler la déclaration despotique", estime le commentateur et activiste Amr Hamzaoui dans les colonnes du journal Al Watan.

Avec Tom Perry, Seham Eloraby, Marwa Awad et Yasmine Saleh, Marine Pennetier pour le service français, édité par Gilles Trequesser