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Grande-Bretagne: malgré les divisions, Boris Johnson appelé à sortir le pays de ses crises

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Sur le point de devenir Premier ministre britannique, Boris Johnson se retrouve face à plusieurs défis majeurs, dont celui de montrer sa capacité à sauver un pays toujours plus en crise.

C'est un rêve vieux de 20 ans qui, ce mardi à la mi-journée, est sur le point de se concrétiser. Boris Johnson, 55 ans, est en effet à deux doigts de pousser la porte du 10 Downing Street et de s'emparer du poste de Premier ministre britannique, alors que le pays insulaire traverse l'une des plus graves crises de son histoire moderne. 

Lundi, les 160.000 membres du Parti conservateur avaient participé à un vote dont le vainqueur est censé prendre la relève de Theresa May, et pour lequel l'ancien maire de Londres est donné largement gagnant face à Jeremy Hunt, 52 ans, l'actuel chef de la diplomatie britannique.

Mercredi, après une dernière nuit à Downing Street, Theresa May répondra à une ultime session de questions au Parlement avant de se rendre à Buckingham Palace où elle remettra officiellement sa démission à la reine Elizabeth II en début d'après-midi.

Personnalité clivante

La premier défi du nouveau Premier ministre sera, et ce n'est pas une mince affaire, de convaincre l'opinion public de sa légitimité à ce poste. Au sein même du parti conservateur, sa figure divise comme le confirme à notre antenne Andrew Crawford, secrétaire du parti conservateur britannique à Paris.

"Chez les conservateurs que je connais en Angleterre, il y en a qui l’aiment beaucoup, il y a certains qui pensent qu’il peut être un bon Premier ministre, mais pas aujourd’hui", explique-t-il.

Un doute qui trouve son écho dans les rues londoniennes puisque ces dernières heures, ils étaient plusieurs centaines de manifestants présents à proximité de Downing Street afin de montrer leur mécontentement face à la probable arrivée au pouvoir de Johnson. 

D'autant plus que son récent bilan en tant que ministre des Affaires étrangères ne joue pas en sa faveur. 

“Il a été ministre et a été, de l’avis général, assez lamentable. Il a insulté nos voisins, nos partenaires, parce qu’il aime ses blagues, il aime raconter ses histoires, il aime ses bons mots sans vraiment réfléchir", détaille Jon Henley, grand reporter au Guardian.

Truculentes pour certains, pitoyables pour d'autres, ses sorties maladroites et frasques fréquentes laissent également planer le doute quant à sa capacité à gérer les relations diplomatiques. La semaine passée, lors d'un meeting, il avait par exemple brandi un hareng fumé sous vide pour dénoncer les "bureaucrates de Bruxelles" et la réglementation européenne.

Urgences diplomatiques

Une fois aux commandes, Boris Johnson se frottera immédiatement à l'âpre dureté du terrain et devra reprendre en main plusieurs dossiers épineux outre-Manche. 

Première urgence, gérer l'escalade des tensions avec Téhéran, au plus haut après l'arraisonnement par l'Iran du pétrolier battant pavillon britannique dans le détroit d'Ormuz.

Londres a riposté en annonçant lundi la mise en place prochaine d'une mission de protection avec les Européens dans le Golfe mais Londres "ne cherche pas la confrontation", a souligné Jeremy Hunt.

Le Brexit en question

A moyen terme, c'est inévitable, la question du Brexit et de la sortie de l'Union européenne sera de nouveau posée. Europhobe convaincu, Boris Johnson l'a toujours affirmé, le pays sortira de l'union, avec ou sans accord, d'ici la date butoir du 31 octobre. 

"Je pense que le seul moyen d’unir notre parti et notre pays est de défendre le mandat du peuple, et de faire du Brexit un succès", a-t-il d'ailleurs récemment déclaré. 

Une mission sur laquelle Theresa May s'est cassé les dents, échouant à trois reprises à faire accepter aux députés l'accord de sortie qu'elle avait conclu en novembre avec Bruxelles, ce qui l'a poussée à la démission. Là encore, le prochain Premier ministre pourrait ne pas obtenir l'accord du parlement, fermement opposé à une sortie sans accord.

Le ministre des Finances Philip Hammond a ainsi annoncé qu'il ferait "tout" pour empêcher une sortie sans accord, ne semblant pas exclure de contribuer à faire tomber le futur gouvernement de Boris Johnson. Le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, Alan Duncan, a de son côté prédit à "BoJo" une "grave crise gouvernementale".

En cas de sortie brutale et sans accord, Boris Johnson pourrait ainsi commencer son histoire au 10 Downing Street par une crise majeure qui, selon certains économistes, pourrait aller jusqu'à faire basculer le pays dans la récession. 

Hugo Septier