BFMTV
International

Gaza: le Hamas pend trois hommes accusés de collaboration avec Israël

Des policiers du Hamas escortent une ambulance transportant les corps de trois hommes pendus, accusés de collaboration avec Israël, le 6 avril 2017 à Gaza

Des policiers du Hamas escortent une ambulance transportant les corps de trois hommes pendus, accusés de collaboration avec Israël, le 6 avril 2017 à Gaza - MOHAMMED ABED, AFP

Le Hamas a procédé à l'exécution de trois hommes jeudi, accusés de collaboration avec Israël. Il s'agit de la première exécution collective depuis 2014.

A Gaza, le Hamas a pendu trois hommes accusés de collaboration avec Israël, grand ennemi du mouvement islamiste au pouvoir dans l'enclave palestinienne.

Les trois hommes, vêtus de l'uniforme rouge des condamnés à mort, pieds et mains enchaînés et le visage recouvert, ont été pendus sur un terrain d'entraînement à l'intérieur d'un complexe de la police dans l'ouest de la ville de Gaza, a constaté un journaliste de l'AFP.

Un fourgon a amené chacun des condamnés à la potence à un quart d'heure d'intervalle, des policiers masqués et armés leur faisant monter les marches, sous le regard de hauts responsables du Hamas, de représentants de différents partis palestiniens et d'un groupe de journalistes.

Des Palestiniens membres des forces de sécurité du Hamas contrôlent des véhicules à Gaza, le 5 avril 2017
Des Palestiniens membres des forces de sécurité du Hamas contrôlent des véhicules à Gaza, le 5 avril 2017 © MAHMUD HAMS, AFP

"Mesures radicales"

Il s'agit de la première exécution collective dans la bande de Gaza depuis que six hommes ont été fusillés en place publique en 2014 en pleine guerre avec Israël. C'est "un message envoyé aux services de sécurité de l'ennemi (israélien) et aux collaborateurs", a dit à l'AFP Tayssir al-Batch, chef de la police du Hamas.

Ces pendaisons interviennent moins de deux semaines après l'assassinat d'un commandant militaire du Hamas, que le mouvement islamiste impute à Israël. Depuis, le Hamas avait préparé l'opinion publique à des "mesures radicales" par l'intermédiaire des médias locaux et le procureur général Ismaïl Jaber avait annoncé mercredi soir des exécutions dans les jours à venir.

Les hommes exécutés jeudi n'étaient pas mis en cause dans la mort de Mazen Faqha, mais pour des faits antérieurs.

Pour empêcher l'exfiltration de "collaborateurs" après l'assassinat de Faqha, le Hamas avait pris la mesure exceptionnelle de fermer l'unique point de passage pour les Gazaouis vers Israël.

Des forces de sécurité du Hamas au poste-frontière d'Erez, le 26 mars 2017 à Beit Hanoun, en Cisjordanie
Des forces de sécurité du Hamas au poste-frontière d'Erez, le 26 mars 2017 à Beit Hanoun, en Cisjordanie © MAHMUD HAMS, AFP/Archives

Tribunaux militaires dépendants du Hamas

Après les exécutions, le mouvement islamiste a levé jeudi ces restrictions, qui avaient provoqué les protestations des travailleurs humanitaires ainsi que de malades devant aller se faire soigner hors de la bande de Gaza. Des organisations des droits de l'Homme ont dénoncé ces exécutions avec force, Human Rights Watch fustigeant une "pratique barbare".

Elles se sont émues des conditions dans lesquelles les trois hommes avaient été condamnés, sans procès équitable et par des tribunaux militaires dépendant du Hamas. Les dossiers comme ceux-là sont en général entourés du plus grand secret à Gaza. Les trois hommes étaient âgés de 55, 42 et 32 ans, a indiqué le ministère de l'Intérieur à Gaza, qui n'a fourni que leurs initiales.

Personne n'a d'intérêt à déclencher une nouvelle guerre

Ils avaient "fourni des informations sur la localisation de positions militaires ensuite bombardées et sur des activistes de la résistance palestinienne ensuite assassinés", a dit le ministère.

Le Hamas a procédé depuis 2007 à 25 exécutions et prononcé 106 condamnations à mort, selon le Centre palestinien des droits de l'Homme (PCHR).

Le Hamas et Israël se sont livré trois guerres à Gaza depuis que le mouvement islamiste en a pris le contrôle en 2007, au prix d'une quasi guerre civile, et observent un cessez-le-feu tendu et fragile depuis leur dernière confrontation à l'été 2014.

Les deux ennemis passent toutefois pour ne pas avoir actuellement d'intérêt à déclencher un nouveau choc.

G.D. avec AFP