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Gambie: un des fils d'Adama Barrow, exilé au Sénégal, dévoré par quatre pitbulls

Adama Barrow (en bleu), le 13 décembre 2016.

Adama Barrow (en bleu), le 13 décembre 2016. - SEYLLOU - AFP

Le refus du président Yahya Jammeh de céder le pouvoir à son successeur Adama Barrow a précipité la Gambie dans une crise de régime qui menace d'embraser la région. Il y a quelques jours, la mort, dans des circonstances troubles, d'un enfant d'Adama Barrow a affolé le pays.

Le sort de la Gambie, où l’état d’urgence a été proclamé, s’écrit en-dehors de ses frontières. Ce jeudi, Adama Barrow, élu président de ce pays de l’ouest de l’Afrique le 1er décembre dernier, a prêté serment de Dakar, au Sénégal. Et si l’homme politique se voit investi en terres étrangères c’est qu’il a pris la route de l’exil devant l’obstination du président sortant, Yahya Jammeh, à s’accrocher à une fonction qu’il occupe depuis 1994. Parallèlement, le conseil de sécurité de l’ONU doit voter une résolution d’intervention militaire pilotée par la Cédéao (un groupe intergouvernemental rassemblant des Etats d’Afrique de l’ouest), alors que le Sénégal, le Nigéria et le Ghana envisagent de lancer leurs troupes contre le pouvoir de Yahya Jammeh.

Des avions nigérians accomplissent d'ailleurs des vols de reconnaissance au-dessus de la capitale, Banjul. Mais en Gambie, une autre histoire tourmente les esprits, comme le relève ce correspondant du Monde Afrique: l’un des enfants d’Adama Barrow a été tué, dévoré par quatre pitbulls, à Banjul.

Un drame émaillé de nombreuses zones d'ombre

Le drame se noue lors du départ du président élu Adama Barrow. Au moment de prendre la fuite, il demande à sa première épouse de mettre ses cinq enfants en lieu sûr, dont Habib, huit ans, fils d’une autre conjointe. Sa femme s’exécute et confie les enfants à une tante qui réside du côté de Senegambia, station balnéaire située en bordure de la capitale.

Pour une raison encore obscure, la tante décide cependant dès le lendemain de séparer Habib de ses frères et sœurs et l’envoie chez son beau-père, désigné sous le nom de Vieux Ceesay (qui n’est pas lié à Adama Barrow, selon un membre de l’entourage de ce dernier), dans un autre quartier de Banjul. Mais le petit garçon n’y est pas l’unique pensionnaire de Vieux Ceesay. Celui-ci possède notamment des chiens particulièrement dangereux.

Le dimanche, peu après 17h, des cris, ceux de la femme de ménage de la maison, alertent le voisinage. Une voisine, renseignée par cette dernière, a raconté le déroulement des faits au Monde Afrique:

"Le 15 janvier vers 17 heures, Vieux Ceessay est sorti de la maison en y laissant le jeune Habib et la femme de ménage qui officiait derrière la cour, sans prendre la précaution d’attacher les chiens. Quelques minutes plus tard, quelqu’un a sonné à la porte et le jeune Barrow est allé ouvrir. C’est là que les pitbulls se sont attaqués à lui, causant l’irréparable."

Des rumeurs folles

Les bêtes ont dévoré en partie le visage et le ventre d’Habib Barrow qui a succombé à ses blessures à l’hôpital dans les instants qui ont suivi.

Devant cette succession de négligences coupables, de décisions inexplicables, le tout dans un contexte propice à la guerre civile comme à une invasion étrangère, ils sont peu nombreux en Gambie à se contenter de voir dans cette tragédie le tableau d’un simple fait-divers. Parmi les proches d’Adama Barrow, on parle même d’ "homicide volontaire".

Des bruits plus fous agitent une population terrifiée par son actualité et ce drame. Des rumeurs attribuent la mort d’Habib Barrow à Yahya Jammeh. Pour d’autres, l’enfant aurait été la victime d’un sacrifice visant à écarter le risque d’un conflit sanglant.

R.V.