Face aux experts, Luc Chatel inflexible sur la sécurisation

PARIS - La politique de "sanctuarisation" des établissements scolaires, mise en oeuvre il y a un an après une série de faits divers dans leurs...

PARIS (Reuters) - La politique de "sanctuarisation" des établissements scolaires, mise en oeuvre il y a un an après une série de faits divers dans leurs enceintes, va se poursuivre, a annoncé jeudi le ministre de l'Education Luc Chatel.

Jugées inefficaces par des experts de la violence à l'école, les mesures pour sécuriser les collèges et lycées ont commencé à être mises en place dans les établissements les plus sensibles de France.

"La sécurisation des établissements est une nécessité. Nous devons être pragmatiques et ne négliger aucune piste pour adapter nos établissements aux nouveaux visages de la violence", a dit Luc Chatel en clôture des états généraux de la sécurité à l'école.

Plus de 60% des établissements ont réalisé des diagnostics de sécurité, qui visent à en identifier les points faibles et trouver des solutions matérielles. Tous les diagnostics seront faits avant l'été, a promis le ministre.

Sur les 184 établissements jugés prioritaires, qui ont tous été évalués, l'installation de clôtures et d'un système de vidéo surveillance a été préconisée pour plus de la moitié.

Des portiques de sécurité ont été recommandés pour moins de dix établissements. Ces préconisations devraient être mises en oeuvre durant les vacances scolaires d'été.

Pour en accélérer la mise en oeuvre, Luc Chatel a souhaité que les discussions entre les responsables des collèges et lycées et les collectivités territoriales se systématisent.

Les 14.000 personnels de direction seront formés à la gestion de crise et aux problématiques de la sécurité d'ici 2012, a dit le ministre.

La sanctuarisation a été l'enjeu de vifs débats lors d'un atelier sur "la prévention situationnelle" mercredi en l'université parisienne de la Sorbonne.

"Si sanctuarisation veut dire place forte, l'ensemble des acteurs tiquent", a rapporté jeudi son animateur, l'inspecteur général Jean-Pierre Bélier.

"En revanche, si cette notion renvoie à celle de capital social, c'est-à-dire que l'établissement scolaire est un milieu que l'on protège pour en faire le coeur de la vie de la cité, tout le monde est favorable à cette sanctuarisation. Mais attention à ce que la notion de sanctuarisation ne renvoie pas à un système moyenâgeux", a-t-il ajouté.

Pour le président de la fédération de parents d'élèves FCPE, Jean-Jacques Hazan, "les vieilles rengaines sont toujours présentes alors que tout le monde a balayé ça".

Prié de dire s'il avait le sentiment que le discours gouvernemental sur la sanctuarisation avait évolué depuis un an, le chercheur Eric Debarbieux a souri et répondu: "Joker".

Clément Guillou, édité par Sophie Louet