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Une réfugiée de la Seconde Guerre mondiale retrouve sa fille 80 ans après leur séparation

Gerda Cole et sa fille Sonya Grist se sont retrouvées, 80 ans après leur séparation, à Toronto, le 7 mai 2022.

Gerda Cole et sa fille Sonya Grist se sont retrouvées, 80 ans après leur séparation, à Toronto, le 7 mai 2022. - Revera Inc

Gerda Cole, réfugiée autrichienne de la Seconde Guerre mondiale, a rencontré sa fille, le 7 mai dernier à Toronto, 80 ans après leur séparation en Angleterre.

Des retrouvailles 80 ans après leur séparation. Une mère et sa fille ont vécu un moment pour le moins émouvant, le 7 mai dernier à Toronto au Canada. Selon nos confrères du Washington Post, Gerda Cole, âgée de 98 ans, a pu retrouver sa fille Sonya Grist, après leur séparation en 1942 en Angleterre.

En 1939, Gerda Cole a dû quitter l'Autriche après l'invasion de son pays par l'Allemagne nazie car elle est juive. Elle se réfugie en Angleterre dans un foyer pour jeunes filles. Trois ans plus tard, elle tombe enceinte et donne naissance à une petite fille.

Mais la jeune femme tout juste âgée de 18 ans est seule et manque de moyens, elle confie alors l'enfant à un couple d'Anglais.

"Je sentais que c'était le plus juste pour elle", raconte celle qui réside désormais dans une maison de retraite au Canada. Elle nomme l'enfant Sonya.

Des recherches sur ses racines autrichiennes

Elle n'avait jamais revu son enfant, et ne devait pas chercher à entrer en contact avec elle selon les procédures d'adoption. Elle avoue y avoir très longtemps pensé, "c'était dur", confie-t-elle. Gerda Cole poursuit sa vie, devient comptable et se marie cinq fois. Elle n'a jamais réussi à avoir d'autres enfants.

Sa fille, Sonya, a grandi en Angleterre. Elle est devenue guide touristique. Elle est aujourd'hui âgée de 79 ans, a eu trois enfants et sept petits-enfants. C'est d'ailleurs grâce à l'un d'eux, Stephen Grist, qu'elle a pu retrouver sa mère biologique.

Il cherchait en effet à obtenir la citoyenneté européenne après le Brexit et a entamé des recherches pour établir un lien avec ses racines autrichiennes.

En voulant reconstituer le puzzle de la vie de Gerda entre certificats de naissance et archives, il découvre alors que sa grand-mère est toujours en vie et réside au Canada.

"Il ne nous était jamais venu à l’esprit qu’elle pouvait encore être en vie", a confié Stephen Grist au Washington Post.

"Elle est un peu de moi"

Il entre ensuite en contact avec le beau-fils de Gerda, et en parle à Sonya. Les deux femmes sont d'accord pour se rencontrer après huit décennies, malgré quelques réticentes de la nonagénaire. "Il a fallu un certain temps à Gerda pour se rendre compte que cet incident de son passé lui était revenu", explique Stephen.

Sonya et son fils font le voyage depuis Londres jusqu'au Canada et c'est dans la maison de retraire Revera Kennedy Lodge que les deux femmes se retrouvent finalement le 7 mai dernier à l'occasion du 98e anniversaire de Gerda.

"J'avais le ventre noué", confie Sonya. C'était un peu choc." Mais le lien entre la mère et la fille est immédiat. "Elle est un peu de moi", a déclaré Gerda en larmes.

"Je n'ai plus trop de temps"

Revoir sa fille, "était définitivement la meilleure chose qui me soit arrivée", a-t-elle souligné. Les deux femmes n'ont cessé de parler durant le week-end, "nous avons beaucoup de points communs", s'est réjouie la nonagénaire.

Elles souhaitent garder contact, "J'adorerais rejoindre leur famille", a déclaré la mère. "Avouons-le: 98, c'est proche de 100. Je n'ai plus trop de temps."

Pauline Boutin