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Ukraine

Six mois après l'offensive de Kiev, la Russie ne parvient pas à reprendre le contrôle total de la région de Koursk

Un char russe détruit à l'extérieur de la ville russe de Sudzha, dans la région de Koursk, le 16 août 2024. (Photo d'archive)

Un char russe détruit à l'extérieur de la ville russe de Sudzha, dans la région de Koursk, le 16 août 2024. (Photo d'archive) - Yan DOBRONOSOV

En août dernier, Kiev lançait une offensive dans cette région frontalière de l'Ukraine. Si la Russie a remis la main sur nombre de territoires perdus depuis, l'oblast de Koursk demeure le théâtre de nombreux affrontements.

Les troupes russes ne parviennent toujours pas à remettre totalement la main sur l'oblast de Koursk. Six mois après le début de son offensive dans cette région située à l'ouest de la Russie et frontalière avec l'Ukraine, Kiev a reculé sur ses positions mais continue d'y porter le fer et de contrôler plusieurs centaines de kilomètres carrés. Ce jeudi, Moscou a ainsi indiqué avoir repoussé une nouvelle contre-offensive ukrainienne dans l'oblast où des combats sont menés depuis le 6 août dernier.

D'après la Russie, les troupes ukrainiennes ont lancé "huit vagues d'attaques avec des forces allant jusqu'à deux bataillons mécanisés", soit plusieurs centaines de soldats avec des blindés.

"Les unités d'assaut ukrainiennes ont été stoppées et vaincues" et "toutes les attaques ont été repoussées", a assuré dans un communiqué le ministère russe de la Défense.

Les soldats nord-coréens de retour au combat

Dans ce théâtre de guerre, Vladimir Poutine semblait ne plus pouvoir compter ces derniers temps sur l'aide de troupes nord-coréennes. Les services de renseignement sud-coréens, cités par le Guardian, ont affirmé cette semaine que les Ukrainiens n'avaient pas fait face aux soldats envoyés par Pyongyang depuis la mi-janvier, signe d'un probable retrait de la ligne de front.

La semaine dernière déjà, Kiev, par le biais du porte-parole de ses forces spéciales, expliquait que les troupes dépêchées à l'automne dernier par la Corée du Nord pour venir en aide à l'armée russe avaient été retirées. "Ces trois dernières semaines, nous n'avons pas vu ou détecté d'activité ou d'affrontement armé avec les Nord-Coréens", affirmait le colonel Oleksandre Kindratenko, confirmant des informations du New York Times.

Mais ce vendredi 7 février, nouveau retournement de situation. Selon Volodymyr Zelensky, des militaires nord-coréens ont repris les combats aux côtés des forces du Kremlin dans la région de Koursk.

"Il y a eu de nouveaux assauts dans les zones d'opération de (la région de) Koursk, l'armée russe et des soldats nord-coréens ont été à nouveau impliqués", a déclaré le président ukrainien dans son allocution quotidienne.

D'après Kiev, le retrait temporaire des militaires nord-coréens pourrait avoir été la conséquence des lourdes pertes subies dans l'oblast de Koursk par une armée faiblement préparée aux combats.

Selon le service de renseignement sud-coréen, environ 300 soldats du Nord auraient été tués et quelque 2.700 autres blessés. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avançait pour sa part en décembre dernier le chiffre de 3.000 soldats "tués ou blessés". Plus du quart des 11.000 Nord-Coréens se trouvant dans la région auraient donc été mis hors de combat.

"L'occupant peut et doit être battu sur son territoire"

Dans la guerre que se livrent Moscou et Kiev sur le sol russe, l'Ukraine a également mis en avant jeudi un autre chiffre qui pourrait se révéler précieux dans l'optique d'éventuelles négociations de paix à venir avec l'ennemi. Sur Facebook, l'état-major de l'armée ukrainienne s'est targuée du fait d'avoir "capturé 909 militaires russes" depuis le début de l'offensive menée dans la région de Koursk.

Ces captures "ont permis de reconstituer de manière significative le fonds" visant à échanger des soldats russes contre des prisonniers de guerre ukrainiens, a-t-il ajouté.

Concernant les civils russes vivant dans les parties de l'oblast de Koursk toujours sous contrôle ukrainien, ils seraient encore aujourd'hui plus de 1.500. Citée par l'AFP, la présidence de l'Ukraine a affirmé jeudi être prête à ouvrir un couloir humanitaire pour permettre leur évacuation "en cas de demande officielle de la Fédération de Russie".

Le même jour, Volodymyr Zelensky a pour sa part chanté les louanges des soldats ukrainiens combattant dans la région et décerné des récompenses à plusieurs unités. "L'occupant peut et doit être battu sur son territoire", a-t-il insisté.

Mais les succès enregistrés dans l'oblast ne peuvent masquer le fait que Kiev, dans une situations précaire, ne parvient toujours pas à stopper l'avancée des forces russes dans l'est de l'Ukraine. Ce vendredi, et au terme de plusieurs mois de combats, Moscou a revendiqué la prise de Toretsk, une ville minière qui comptait environ 30.000 habitants avant le début de la guerre. Trois ans plus tard, elle est devenue pour l'essentiel un champ de ruines.

Plus tôt cette semaine, dans une interview sur la chaîne YouTube "Piers Morgan Uncensored", Volodymyr Zelensky s'est déclaré prêt à mener des négociations directes avec Vladimir Poutine "si c'est la seule configuration dans laquelle nous pouvons apporter la paix aux citoyens de l'Ukraine et ne plus perdre de gens".

Une hypothèse retoquée par le Kremlin, jugeant les paroles de Zelensky "vides de sens". Fin janvier déjà, Vladimir Poutine s'était dit ouvert à des négociations de paix tout en rejetant des discussions directes avec son homologue ukrainien.

Vincent Gautier avec AFP