Présence de l'Ukraine, avancée russe... Ce que l'on sait de la rencontre entre Vladimir Poutine et Donald Trump en Alaska

Le sort de la guerre bientôt scellé? Le président américain Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine vont se rencontrer, ce vendredi 15 août, en Alaska. Une rencontre qui inquiète aussi bien les Européens que les Ukrainiens, craignant d'être lâchés par la Maison Blanche après plus de trois ans d'un conflit déclenché en février 2022 par l'invasion russe en Ukraine.
La réunion sera en tout cas côté américain l'occasion de "tâter le terrain" et "d'écouter" Vladimir Poutine lors de cette entrevue réclamée par le président russe, comme l'a martelé la Maison Blanche.
• L'Alaska, ancien territoire russe et siège des discussions
À quelque 7.600 kilomètres à vol d'oiseau de Kiev, Donald Trump et Vladimir Poutine se rencontreront ce vendredi pour la première fois depuis le 28 juin 2019 à Anchorage, plus grande ville d'Alaska. Il s'agira d'ailleurs de la première visite de Vladimir Poutine dans la ville depuis son arrivée au Kremlin.
Une rencontre "en tête-à-tête", selon la correspondante en chef à la Maison Blanche pour CNN Kaitlan Collins, en clin d'œil à l'histoire. L'Alaska n'est devenue américaine qu'en 1867 lorsque les États-Unis ont acheté ce vaste territoire -représentant toujours aujourd'hui le plus grand État du pays- à l'empire russe.
La visite se déroulera précisément au sein de la base militaire Elmendorf-Richardson, la plus grande de l'État, selon plusieurs médias américains.
"Depuis des siècles, l'Alaska sert de pont entre les nations, et aujourd'hui, nous restons une passerelle pour la diplomatie, le commerce et la sécurité dans l'une des régions les plus critiques de la planète", écrivait le 9 août dernier le gouverneur d'Alaska, Mike Dunleavy, sur X.
• Volodymyr Zelensky n'est (pour l'instant) pas convié
Cette initiative n'est pas du tout du goût de Volodymyr Zelensky, le président ukrainien pour l'heure officiellement exclu des échanges russo-américains, contre l'avis des USA.
Cette rencontre prévue entre les deux hommes est d'ailleurs déjà qualifiée par l'intéressé de victoire pour le dirigeant russe, tout en soulignant que Kiev excluait tout retrait de ses forces dans l'est de l'Ukraine dans le cadre d'un possible accord de paix.
"Il (Poutine) aura une rencontre sur le territoire américain, ce qui est, je pense, pour lui une victoire personnelle", a déclaré Volodymyr Zelensky, ajoutant que cette rencontre faisait sortir Vladimir Poutine de son "isolement" et retardait de possibles nouvelles sanctions américaines contre Moscou.
D'autant que selon lui, l'armée russe n'est pas du tout prête à stopper le conflit. "Au contraire, elle effectue des mouvements qui indiquent la préparation de nouvelles opérations offensives. Dans ces circonstances, il est important que l'unité du monde ne soit pas menacée", annonçait-il sur son compte X le 12 août.
Les États-Unis travaillent à "programmer" une rencontre entre Donald Trump, Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky, a précisé dimanche le vice-président américain JD Vance, tandis que les alliés européens de l'Ukraine poussent pour la présence du président ukrainien au sommet américano-russe en Alaska.
• L'armée russe perce le front et progresse
Pire, sur le front la situation se complique pour les troupes de Kiev. Les soldats russes ont avancé rapidement dans un secteur stratégique du front dans l'est de l'Ukraine ce mardi.
L'État-major de l'armée ukrainienne a déclaré ce 12 août que des combats avaient lieu à Koutcheriv Iar, un petit village qui se trouvait il y a encore quelques semaines à plusieurs kilomètres du front, admettant de fait l'avancée russe dans cette zone.
Cette progression a eu lieu au nord-est de Pokrovsk, ville minière et épicentre des combats, dans la région orientale de Donetsk dont Moscou revendique l'annexion. En une seule journée, la Russie a avancé d'une dizaine de kilomètres vers le nord le long d'une route, selon le site d'analyse militaire DeepState, proche de l'armée ukrainienne, un rythme bien plus soutenu que d'habitude.
Fin juillet, l'armée russe affirmait avoir conquis la ville de Tchassiv Iar, au cœur des combats depuis des mois. Des propos rapidement jugés comme un "mensonge" par l'Ukraine.
• Les Européens réunis avant la rencontre
Donald Trump, qui s'est dit "contrarié" ce lundi 11 août par le refus de Volodymyr Zelensky de céder du territoire à la Russie, va échanger dès ce mercredi avec les Européens: Français, Britanniques et Allemands notamment.
Cette réunion va se dérouler en visioconférence avec un double objectif pour l'Europe: exister dans le rapport de force et le résultat de la rencontre bilatérale en Alaska mais aussi adopter une position commune. Emmanuel Macron, actuellement du côté du fort de Brégançon dans le Var, y participera.
En réalité, trois visioconférences seront organisées ce mercredi. La première avec Volodymyr Zelensky, la seconde avec Donald Trump et la dernière avec les pays membres de la coalition des volontaires, majoritairement des pays européens qui soutiennent l'effort de guerre de l'Ukraine.
Donald Trump a aussi promis de parler à Volodymyr Zelensky et aux Européens après son entrevue avec Vladimir Poutine. "Peut-être que je leur dirai 'bonne chance, continuez à vous battre'. Ou peut-être que je leur dirai, 'nous pouvons trouver un accord'", a-t-il lancé lundi.