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Ukraine

Guerre en Ukraine: pourquoi Zelensky accuse la Russie de commettre un "génocide"

Volodymyr Zelensky à l'Assemblée générale de l'ONU le 19 septembre 2023

Volodymyr Zelensky à l'Assemblée générale de l'ONU le 19 septembre 2023 - TIMOTHY A. CLARY / AFP

Selon Kiev, plus de 19.000 enfants ukrainiens ont été transférés ou emmenés de force en Russie ou dans des régions occupées depuis le début de la guerre. Le "transfert forcé d’enfants du groupe à un autre groupe" fait partie des actes qui peuvent être constitutifs d'un génocide.

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, est monté pour la première fois mardi à la tribune de l'ONU pour dénoncer l'invasion de son pays par la Russie. Il y a un an, il avait exceptionnellement été autorisé à intervenir via un message vidéo.

Mardi, le dirigeant ukrainien a notamment fustigé la déportation d'enfants ukrainiens par la Russie, la qualifiant de "génocide".

"Tous les liens avec leurs familles sont coupés

"Nous connaissons les noms de dizaines de milliers d'enfants et avons des preuves pour des centaines de milliers d'autres kidnappés par la Russie dans les territoires occupés d'Ukraine et ensuite déportés", a dénoncé Volodymyr Zelensky sous les yeux de l'ambassadeur russe adjoint à l'ONU Dmitry Polyanskiy, présent à la table russe.

"Nous essayons de faire rentrer ces enfants à la maison, mais le temps passe. Qu'est-ce qui va leur arriver? En Russie, on leur apprend la haine de l'Ukraine, et tous les liens avec leurs familles sont coupés. C'est clairement un génocide", a affirmé le chef de l'État ukrainien.

Des déportations documentées

Les autorités ukrainiennes, mais aussi des ONG et des médias documentent depuis plusieurs mois des cas de déportations de civils ukrainiens vers des régions occupées par les Russes ou vers la Russie.

"Des enfants qui ont perdu le contact avec leurs parents - ou qui sont censés être orphelins - ont été transférés en Russie, placés en orphelinat ou contraints à l'adoption", rapportait ainsi l'ONG de défense des droits humains Amnesty International en novembre 2022.

D'après l'épouse du président ukrainien, Olena Zelenska, également présente au siège des Nations unies, plus de 19.000 enfants ukrainiens ont été transférés ou emmenés de force en Russie ou dans des régions occupées. Seulement 386 ont été ramenés en Ukraine, a-t-elle dit lors d'une conférence.

La Cour pénale internationale a émis un mandat d'arrêt contre Vladimir Poutine pour la "déportation illégale" de milliers d'enfants ukrainiens depuis février 2022. Ces accusations sont rejetées par Moscou.

Le transfert forcé d'enfants, un acte de génocide

Selon la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, celui-ci se définit par un acte "commis dans l'intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux".

Cet acte peut être le "meurtre de membres du groupe", des "atteintes graves à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe" ou encore le "transfert forcé d’enfants du groupe à un autre groupe"

Cette Convention a été adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 9 décembre 1948. En 2019, selon l'ONU, 152 pays - dont la Russie - l'avaient ratifiée ou y avaient adhéré, s'engageant ainsi à ne pas commettre de génocide. Les auteurs du crime de génocide peuvent donc être punis par un tribunal de l'État sur lequel il a été puni ou par un tribunal pénal international.

La reconnaissance d'un génocide peut aussi être politique: en 2001, la France a ainsi reconnu par une loi l'existence du génocide arménien par l'Empire ottoman de 1915.

Sophie Cazaux