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Guerre en Ukraine: Lecornu évoque 55 désertions de soldats de la brigade "Anne de Kiev" en France

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Alors que se multiplient les accusations d'abus de pouvoir et de mauvaise gestions des hommes, les chiffres oscillent en ce qui concerne le réel total de déserteurs.

Que se passe-t-il au sein de la brigade "Anne de Kiev"? L'armée française, qui a formé en France une partie de cette unité ukrainienne avant qu'elle parte sur le front, a constaté "quelques dizaines" de désertions pendant la formation, selon l'état-major, alors qu'un commandant ukrainien a reconnu "des problèmes" au sein de cette unité.

"Il y a eu un certain nombre de désertions, mais qui restent très marginales au vu du volume de personnes qui ont été formées", a indiqué à l'AFP lundi 6 janvier un responsable de l'état-major français.

Invité sur Europe 1 mercredi 8 janvier, le ministre des Armées Sébastien Lecornu a pour sa part avancé le chiffre de "55 désertions en France." Selon lui, après la formation, la brigade aurait été "ventilée" en fonction des "besoins tactiques ukrainiens" malgré l'inexpérience de ces soldats.

"C’est l’état-major ukrainien qui est le principal accusé de ce scandale. Accusé d’avoir démantelé cette brigade avant même qu’elle n’ait combattu, envoyant sur le front des soldats qui n’étaient pas vraiment préparés provoquant des morts inutiles, des désertions, des abandons de poste", analyse Ulysse Gosset, éditorialiste politique internationale de BFMTV.

"Nous en sommes conscients"

Dans le détail, 2.000 hommes de cette brigade baptisée ainsi en hommage à une princesse de Kiev devenue reine des Francs après avoir épousé Henri 1er, ont été formés en France. Il s'agissait de conscrits, sans aucune expérience au combat, encadrés de 300 encadrants ukrainiens.

Lundi toujours, Mikhaïlo Drapaty, commandant des forces terrestres ukrainiennes, a reconnu "des problèmes" au sein de cette brigade, après des révélations de presse sur des cas d'abus de pouvoir et de désertions.

"Nous en sommes conscients. Il y en a eu au niveau des effectifs, de la formation, et en partie au niveau du personnel de commandement. Tout cela a été reconnu, analysé, certaines conclusions ont été tirées", a-t-il dit.

"Le Bureau d'enquête de l'État étudie effectivement les faits présentés dans les médias dans le cadre de la procédure pénale engagée en vertu des articles" liés à l'abus de pouvoir et à la désertion, a pour sa part affirmé à l'AFP Tatyana Sapian, la porte-parole de cette instance officielle.

1.700 déserteurs au total?

Une volonté de minimiser les désertions et la situation balayée par les révélations du journaliste ukrainien Iouri Boutousov, qui pour sa part avancé le chiffre de 1.700 déserteurs, dont 50 rien que pendant la formation en France.

Il a accusé mardi dans un long message sur Facebook le commandement militaire ukrainien d'avoir failli à la formation initiale de la brigade, qui s'est déroulée dans un "chaos organisationnel complet" et d'avoir envoyé ses soldats dans d'autres unités pour y "colmater les trous" en termes d'effectifs.

Selon lui, ce qu'il restait de la brigade a été envoyé notamment à Pokrovsk, l'un des secteurs les plus chauds du front Est, tandis que son commandant a été démis de ses fonctions, ainsi que plusieurs de ses subalternes.

Toujours selon ce journaliste ukrainien, la brigade n'a pas été équipée en drones ni en équipement de brouillage électronique, des outils devenus essentiels pour les unités militaires dans cette guerre.

"À cause de cette attitude criminelle envers la vie des soldats, la 155ème brigade a subi des pertes importantes dès les premiers jours", a-t-il accusé. "Je ne vois pas trop ce qui pourrait être caractérisé dans l'abus de pouvoir", a indiqué pour sa part le responsable de l'état-major français.

"En tout cas, il n'y a rien qui ait été remonté concernant le stationnement des Ukrainiens en France ou ce qui se serait passé pendant ces formations".

Désertions en hausse

De manière générale, les désertions sont en hausse au sein de l'armée ukrainienne, en difficulté sur plusieurs points du front et lassée par un conflit long. Selon le parquet ukrainien, depuis 2022, au moins 90.000 affaires ont été ouvertes pour désertion ou absence sans autorisation, avec une forte hausse des cas en 2024.

Ces dernières semaines, plusieurs soldats ont publiquement fait savoir qu'ils abandonnaient leur poste dans une armée ukrainienne affaiblie qui a perdu au moins 43.000 soldats tués au combat et sans doute des dizaines de milliers d'autres considérés pour l'heure comme portés disparus depuis le début de l'invasion russe en février 2022.

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV