Des honneurs et des armes: que retenir de la tournée européenne de Volodymyr Zelensky?

Au fil des étapes de cette tournée improvisée, le dirigeant ukrainien a obtenu du matériel militaire supplémentaire ainsi que l'assurance du soutien de l'UE. En revanche, la demande d'avions de chasse est pour l'heure restée lettre morte.

Un tour d'Europe avant une contre-offensive annoncée. Fraîchement honoré du prix Charlemagne, Volodymyr Zelensky est arrivé dimanche soir à Paris, avant-dernière étape d'une visite européenne au cours de laquelle le dirigeant ukrainien espérait bien repartir avec du matériel militaire supplémentaire, ainsi que la garantie d'un soutien renouvelé de l'Union européenne.

Sitôt atterri sur la base militaire de Villacoublay, il a été accueilli par Emmanuel Macron à l'Elysée. Brève accolade, quelques mots de bienvenue au son de la Garde républicaine et les deux hommes se sont engouffrés dans le palais présidentiel pour trois heures d'échange, dont une en tête-à-tête.

Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky à l'Élysée le 14 mai 2023 © Ludovic MARIN / AFP

Engagement français renouvelé

Lors de son étape parisienne, qui doit se clore ce lundi, Volodymyr Zelensky a obtenu un engagement renouvelé de la France, en particulier dans le domaine des blindés légers.

"Dans les semaines à venir, la France formera et équipera plusieurs bataillons avec des dizaines de véhicules blindés et de chars légers, dont des AMX-10 RC", est-il précisé dans une déclaration commune publiée à l'issue du dîner. En revanche, la question de la livraison d'avions de combat reste "prématurée" aux yeux de Paris.

La France s'était engagée début 2023 à céder à l'Ukraine des AMX-10 RC, souvent utilisés dans des missions de reconnaissance. Certains exemplaires de ces véhicules sont déjà présents sur le champ de bataille depuis le début du printemps. Mais le nombre d'exemplaires promis par la France n'a jamais été divulgué.

En parallèle, Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky ont appelé à accroître la pression sur la Russie par de "nouvelles sanctions" afin "d'affaiblir la capacité de ce pays à poursuivre sa guerre d'agression illégale", apprend-on dans la déclaration commune.

Étape œcuménique

Avant son étape française, Volodymyr Zelensky a débuté son tour d'Europe de façon symbolique. A Rome, le dirigeant ukrainien a rencontré ce samedi le pape François, qu'il a remercié pour "l'attention qu'il porte" à la "tragédie de millions d'Ukrainiens, à l'issue d'un entretien tenu au Vatican.

Le président ukrainien a aussi affirmé avoir évoqué avec le pape François "la formule de paix" en 10 points soutenue par Kiev depuis plusieurs mois mais que Moscou a balayée à plusieurs reprises.

"Je (lui) ai proposé de 'rejoindre sa mise en œuvre'" et de soutenir une telle initiative, a-t-il dit.

Plus tôt samedi, il avait échangé avec le président italien Sergio Mattarella avant d'être reçu par la Première ministre italienne Giorgia Meloni.

Les différentes étapes de la tournée européenne de Volodymyr Zelensky © BFMTV

Réchauffement avec Berlin

Avant Paris, Volodymyr Zelensky se devait de faire halte en Allemagne, une première depuis le début de l'invasion russe. Elle a marqué un net réchauffement des relations entre Berlin et Kiev, un temps crispées par les atermoiements du chancelier à livrer les armes réclamées par l'Ukraine.

"Nous vous soutiendrons aussi longtemps que nécessaire", a assuré Olaf Scholz, soulignant que l'engagement de Berlin, armement compris, s'élevait jusqu'ici à 17 milliards d'euros. Soit la contribution alliée la plus importante après les États-Unis.

Volodymyr Zlensky reçoit le prix Charlemagne à Aix-la-Chapelle, le 14 mai 2023 © Federico Gambarini / POOL / AFP

C'est également en Allemagne que le président ukrainien a reçu le prestigieux prix Charlemagne en présence de plusieurs dirigeants de l'UE qui se sont rendus à Aix-la-Chapelle pour l'occasion.

"L'Ukraine incarne tout ce que l'idée européenne représente: le courage des convictions, la lutte pour les valeurs et la liberté, l'engagement en faveur de la paix et de l'unité", a déclaré Ursula von der Leyen, cheffe de la Commission européenne, également présente.

L'occasion était également bonne pour le chancelier allemand, Olaf Scholz, de rappeler que l'Ukraine "fait partie de la famille européenne".

"La guerre d'agression de la Russie a rapproché l'Union européenne et l'Ukraine comme jamais auparavant", a-t-il ajouté.

La tournée diplomatique du président ukrainien est stratégiquement placée puisqu'elle précède un sommet des dirigeants du Conseil de l'Europe à Reykjavik et une réunion des dirigeants du G7 au Japon la semaine prochaine.

Ce lundi, Volodymyr Zelensky doit se rendre à Londres où il doit rencontrer le Premier minstre britannique Rishi Sunak.

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV