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Ukraine: retour sur la crise qui secoue le pays

Echauffourées entre manifestants et forces de l'ordre à Kiev, en Ukraine, le 1er décembre 2013.

Echauffourées entre manifestants et forces de l'ordre à Kiev, en Ukraine, le 1er décembre 2013. - -

Dix jours après le rejet d'un accord avec l'Union européenne, l'Ukraine s'embrase. L'opposition au pouvoir est dans la rue et menace de renverser le régime.

De violentes scènes de répression de manifestants ont émaillé ces derniers jours les rues d'Ukraine. Point de départ des tensions dans le pays, le rejet par le Parlement ukrainien de l'accord passé avec l'Union européenne. Piloté par Moscou, ce recul a déclenché la colère de l'opposition pro-européenne. Retour sur une crise qui pourrait mener au renversement du régime.

> Qu'est-ce qui a mis le feu aux poudres?

Tout a commencé le 21 novembre dernier, quand l'accord d'association proposé par l'Union européenne à l'Ukraine a été enterré, à une semaine de sa signature prévue et longuement attendue. Kiev y a renoncé afin de "relancer ses relations économiques avec la Russie".

C'est le Premier ministre Mykola Azarov qui a signé un décret ordonnant de "suspendre le processus de préparation de l'accord d'association entre l'Ukraine et l'UE", mettant ainsi fin aux espoirs de voir ce pays le signer. Un acte de "haute trahison" pour le dirigeant de l'opposition ukrainienne, Arseni Iatseniouk, qui a demandé, dès le 21 novembre, la destitution du président Viktor Ianoukovitch.

> Quel est le rôle de la Russie?

Ce n'est pas un mystère, Kiev a dit non à l'Europe pour satisfaire Moscou. Le 26 novembre, pour la première fois, le Premier ministre ukrainien a reconnu que la Russie avait dissuadé Kiev de signer l'accord d'association avec l'Union européenne.

Le président russe Vladimir Poutine a appelé les dirigeants européens à cesser leurs "commentaires acrimonieux" sur la situation en Ukraine, estimant qu'un accord entre cette ancienne république soviétique et l'UE aurait été une "trahison majeure" envers l'économie russe.

Dans ces conditions, la décision ukrainienne peut être considérée comme un succès diplomatique russe.

> Qui sont les opposants?

L'opposition ukrainienne est divisée. Elle est composée de modérés pro-européens, de pro-Timochenko -l'opposante emprisonnée et malade, dont l'UE exigeait la libération pour signer- et de nationalistes radicaux. Ce sont eux les plus violents dans la rue, explique Harold Hyman, spécialiste géopolitique pour BFMTV.

Parmi les leaders de l'opposition, on remarque Vitali Klitschko, célèbre champion de boxe, candidat déclaré à la présidence ukrainienne et président du parti Oudar.

Il y a également Arseni Iatseniouk, proche de l'ex-Premier ministre, et de l'opposante emprisonnée Ioulia Timochenko. Depuis sa prison, Ioulia Timochenko ne cesse d'appeler, à "renverser" le pouvoir du président Viktor Ianoukovitch en sortant dans la rue.

> Comment la violence est-elle montée?

Le 24 novembre, des dizaines de milliers d'Ukrainiens pro-européens sont descendus dans les rues de Kiev, appelant à la démission du président Ianoukovitch. Les jours suivants, le mouvement s'est poursuivi dans la rue, ponctué d'échauffourées entre manifestants et forces de l'ordre, lesquelles n'ont pas hésité à repousser les opposants à coups de matraques et de gaz lacrymogènes. L'intervention musclée de la police n'a fait que renforcer le mouvement.

De son côté, le président Ianoukovitch a appelé à la "paix". "Je veux que la paix et le calme règnent dans notre grande famille ukrainienne", a-t-il déclaré.

Après une semaine d'accrochages à Kiev entre police et manifestants, les forces anti-émeutes ont évacué violemment samedi matin les manifestants d'opposition restés dans le centre de Kiev, faisant des dizaines de blessés, au lendemain d'un appel de l'opposition à chasser le pouvoir du président Ianoukovitch. Le site d'information proche de l'opposition, Ukrainskaia Pravda, a publié des photos et des videos montrant des manifestants, le visage en sang.

Dimanche 1er décembre, une manifestation interdite a rassemblé plus de 100.000 personnes. A Kiev, des manifestants masqués et cagoulés ont tenté de prendre d'assaut l'administration présidentielle. Ils ont finalement pris le contrôle de la mairie de Kiev et de la Maison des syndicats, un autre bâtiment officiel dans le centre ville. La manifestation a fait 165 blessés. Lundi, plus de mille manifestants bloquaient les accès au gouvernement ukrainien dans le centre de Kiev. plus de mille manifestants d'opposition bloquaient les accès au gouvernement ukrainien dans le centre de Kiev.

> Et maintenant?

La totalité de l'opposition demande des élections anticipées. Par ailleurs, des rumeurs sur l'introduction de l'état d'urgence circulent parmi les milliers de manifestants pro-UE rassemblés à Kiev. Le porte-parole du Premier ministre, Vitali Loukianenko, a démenti lundi matin ces rumeurs après une réunion d'urgence que le président Viktor Ianoukovitch.

Difficile pour l'instant de prédire les intentions du président Ianoukovitch: se rapprocher de la Russie, ou bien de l'Europe?

Magali Rangin avec AFP