Ukraine: l'Euromaïdan continue à Paris, encouragé par quelques amis russes

EDITO - Le mouvement Euromaïdan ne s'est pas essoufflé, notamment à Paris où son action se poursuit, analyse Harold Hyman, journaliste et spécialiste de géopolitique pour BFMTV.

Alors que la situation intérieure ukrainienne continue de se dégrader, les divers mouvements issus du Maïdan (la place de l'indépendance à Kiev) dans le monde continuent leur mobilisation. À Paris, pour le bicentenaire de la naissance du poète national ukrainien Taras Chevtchenko le 9 mars dernier, la foule était dense et enthousiaste. À l'église ukrainienne de Paris, boulevard Saint-Germain, les patriotes ont lu une ode après l'autre sur l'Ukraine patrie chérie.

Dans toutes les langues possibles: ukrainien, français, anglais, allemand, italien, espagnol, polonais, et enfin russe! Genre d'œcuménisme linguistique rafraichissant, surtout quand on sait que l'un des aspects les plus nationalistes de la révolution du Maïdan avait été la suppression de la loi donnant au russe un statut officiel dans les régions de l'Est.

Par la suite le statut du russe fut reconsolidé, mais alors la question ne se posait presque plus puisque à l'Est les Russophones commençaient à prendre le contrôle des institutions officielles, et les "séparatistes" ne demandent plus la permission de quiconque!

Faut-il être Russe pour être séparatiste?

Mais au fait, faut-il être Russe pour être séparatiste? Un séparatiste, c'est quelqu'un qui voudrait séparer la région de Donetsk - "l'oblast" en russe et en ukrainien - du reste de l'Ukraine pour l'amener vers un statut indéfini d'autonomie intense, d'indépendance ou de rattachement à la Russie. En Ukraine centrale et de l'est, l'identité ukrainienne est moins ethnicisée, et la frontière entre l'identité russe et ukrainienne est très fluide. Une personne peut être ethniquement ukrainienne mais ralliée au séparatisme. Une autre peut avoir quatre grands-parents russes et rallier l'Ukraine du Maïdan.

Une dernière catégorie, visible le 15 mars à Moscou, qui manifesta avec des drapeaux ukrainiens en faveur de l'Ukraine lors de l'annexion de la Crimée: des Russes de Russie, pro-Maidan! Car alors le Maidan est un idéal de démocratie beaucoup plus que de patriotisme ukrainien. Entre 3.000 selon la police, et 50.000 selon quelques journalistes. Et voici à Paris que lors d'un tout petit Maidan au Monument des Droits de l'Homme au Champ de Mars, une poignée de ces Russes pro-Maidan sont venus. C'était le 26 avril, jour anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl, en 1986. Les Soviétiques allaient vivre une crise de confiance si profonde que leur État se fracturerait.

Les opposants à Vladimir Poutine

Ces cinq Russes de Russie, établis depuis plusieurs années en France, sont depuis longtemps opposés à Poutine. Non seulement est-il en train de chambouler l'Ukraine, il a lancé son nettoyage autocratique de la dissidence en Russie.

En somme, Poutine devient autocrate et conquérant en même temps. Il faut l'arrêter, selon nos Russes pro-Maïdan, sinon les enfants d'aujourd'hui se demanderont pourquoi leurs parents étaient si passifs alors qu'ils pouvaient encore agir. Une dame de l'Oural s'est même drapé du drapeau russe, en pleine manifestation Maidan, et tous ont compris et apprécié sa présence.

>> En photos, la contre-attaque du gouvernement ukrainien contre les milices pro-russes à l'Est

Harold Hyman