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Ukraine: Hollande, Merkel, Poutine, et Porochenko ont rendez-vous ce vendredi à Paris

Le "format Normandie", ici en février 2015 à Minsk.

Le "format Normandie", ici en février 2015 à Minsk. - Ukraine Presidential Press Servi - AFP

Alors que l'attention de la communauté internationale est plutôt portée sur le Moyen-Orient et les récentes frappes françaises et russes contre Daesh en Syrie,  le "format Normandie" se réunit ce vendredi à Paris pour tenter de relancer les accords de paix sur le conflit qui mine l'Est-ukrainien depuis mars 2014.

Faire progresser la paix en Ukraine: tel est le sens de la réunion au "format Normandie" qui est programmée ce vendredi, à Paris. Les présidents français, russe, ukrainien et la chancelière allemande ont ainsi rendez-vous pour tenter de relancer les accords de paix en Ukraine, qui peinent à se concrétiser et semblent éclipsés par les grandes manoeuvres autour de la Syrie.

Les accords de Minsk 2, arrachés par la médiation franco-allemande en février, prévoient des étapes majeures de désescalade dans l'Est séparatiste d'ici à la fin de l'année - élections locales, reprise du contrôle de la frontière russo-ukrainienne par Kiev...- qui tardent à prendre forme.

L'influence russe en question

"Enregistrer des succès sur ce chemin difficile, voilà l'objectif", a déclaré lundi Steffen Seibert, porte-parole de la chancelière Angela Merkel. "Le processus de Minsk est difficile sur de nombreux détails mais le cessez-le-feu est largement respecté depuis le 1er septembre. Cela montre l'influence qu'a la Russie sur les séparatistes".

Les Occidentaux accusent Moscou de soutenir en armes et munitions les séparatistes et d'avoir déployé des forces régulières dans l'Est rebelle où le conflit a fait plus de 8.000 morts depuis avril 2014. La Russie a toujours nié toute implication.

Le nouveau sommet organisé à Paris, le quatrième du genre depuis juin 2014, vient ponctuer une intense semaine diplomatique sur le dossier syrien et le retour spectaculaire du président russe Vladimir Poutine sur le devant de la scène internationale alimente les craintes d'un marchandage sur l'Ukraine.

La Syrie et l'Ukraine, "deux thèmes pas liés"

La Russie va-t-elle tirer profit de son rôle central dans le conflit syrien pour obtenir un allègement des sanctions liées au dossier ukrainien qui étranglent son économie? "On ne peut pas d'un côté maintenir de façon durable des sanctions et de l'autre demander à travailler ensemble" avec Moscou sur la Syrie, estime le vice-chancelier allemand Sigmar Gabriel, à contre-courant de la position officielle de Berlin.

"Les deux thèmes ne sont pas liés", a dû riposter le porte-parole de la chancelière. L'Union européenne doit évaluer en fin d'année les progrès accomplis dans l'application des accords de Minsk avant de se prononcer sur un éventuel allègement des sanctions.

Début septembre, le président français François Hollande s'est dit prêt à plaider pour une "levée" des sanctions si le volet politique de Minsk est appliqué. Les accords prévoient des mesures d'autonomie en faveur de l'Est et des élections locales selon la loi ukrainienne d'ici à fin décembre. Cette déclaration a semé l'émoi à Kiev qui s'inquiète d'un éventuel réchauffement russo-occidental qui pourrait avoir un contrecoup négatif pour les intérêts ukrainiens.

L'appel à une vaste coalition

Moscou a appelé à une vaste coalition pour lutter en Syrie contre le groupe Etat islamique. "Jolie histoire, mais vraiment difficile à croire (...) Comment pouvez-vous appeler à une coalition antiterroriste, si vous inspirez le terrorisme juste devant votre porte?", a lancé mardi le président ukrainien Petro Porochenko à l'ONU.

"Les Russes vont utiliser la Syrie pour détourner l'attention de l'Ukraine (...) Il faut définitivement exercer plus de pression sur eux", renchérit une source ukrainienne haut placée.

Européens et Ukrainiens espèrent avancer à Paris sur le contrôle de la frontière ou l'accès des observateurs de l'OSCE aux zones rebelles. Une question sur laquelle "rien n'est réglé au plan politique", constate un diplomate européen. "Comment faire venir des observateurs, la commission électorale ukrainienne pour des élections, dans la zone rebelle?".

Maintenir une zone "gangrénée"

Les rebelles prorusses entendent tenir des élections selon leurs propres règles, le 18 octobre à Donetsk et le 1er novembre à Lougansk, et évoquent un deuxième tour en février, au-delà du calendrier de Minsk. Les mesures d'autonomie que Kiev doit accorder aux régions séparatistes provoquent aussi une levée de boucliers chez les nationalistes ukrainiens. Des manifestations hostiles à cette décentralisation ont fait quatre morts.

Que vise de son côté la Russie au Donbass ? "Poutine veut 0% de ce territoire. Ce qu'il souhaite, c'est maintenir cette zone 'gangrénée' et prouver ainsi que le système ukrainien rapproché de l'Europe ne fonctionne pas", relève le même diplomate européen.