"Une calamité médicale": les limites de dons de sperme dépassées par des cliniques aux Pays-Bas, des "méga-donneurs" avec plus de 50 enfants

La préparation des ovocytes avant la micro-injection des spermatozoides au Centre d'étude et de conservation du sperme humain de Rennes - Marcel Mochet-AFP
On les appelle les "méga-donneurs". Aux Pays-Bas, au moins 85 donneurs de sperme ont engendré plus de 25 enfants dans des cliniques de fertilité, selon l'organisation nationale de gynécologie et d'obstétrique, rapporte ce lundi 14 avril The Guardian.
En effet, plusieurs cliniques ont enfreint les règles de don de sperme établi depuis plusieurs années. Ces cliniques ont également échangé du sperme sans les documents nécessaires ou sans que les donneurs en soient informés.
Depuis 1992, une loi visant à réduire le risque d'inceste involontaire et de consanguinité aurait dû interdire aux donneurs d'engendrer des enfants aux Pays-Bas. Une loi complexe à appliquer au vu des mesures strictes instaurées sur la protection de la vie privée.
La limite des dons a été abaissée à 12
"Au nom de toute la profession, nous tenons à nous excuser. Nous n'avons pas fait les choses comme elles auraient dû être faites", a déclaré la gynécologue Marieke Schoonenberg à l'émission télévisée Nieuwsuur.
En 2018, la limite des dons a été abaissée à 12, mais le registre national des donneurs, doté d'un système de code garantissant que le sperme d'un même donneur ne peut être utilisé dans plus de 12 conceptions, ne sont entrés en vigueur qu'en avril.
"Par conséquent, nous connaissons maintenant, pour la première fois, le nombre exact d'enfants par donneur", a déclaré Marieke Schoonenberg. De fait, au moins 85 “méga-donneurs” ont enfreint ce niveau de don, depuis 2004.
La plupart d'entre eux étaient les pères biologiques de 26 à 40 enfants, a précisé Marieke Schoonenberg, bien que certains en aient eu entre 50 et 75. Parmi eux, se trouvaient au moins 10 médecins spécialistes de la fertilité, dont un, Jan Karbaat, qui a illégalement engendré au moins 81 enfants dans sa clinique.
Ce résultat, qualifié de "calamité médicale" pour Ties van der Meer, membre d'une fondation néerlandaise qui aide les enfants à retrouver leur donneur, pourrait signifier la probable existence d'au moins 3.000 enfants aux Pays-Bas qui ont 25 demi-frères et sœurs ou plus.
Des risques de relations consanguines
Par conséquent, les enfants et certains des donneurs souffriraient inévitablement d'un stress accru, selon Ties van der Meer, notamment à cause du risque d'inceste involontaire.
Selon Ties van der Meer, les enfants mis au monde via ces donneurs de sperme risquent de rencontrer plusieurs problèmes au niveau de l'ADN lorsqu'ils seront grands. "Dès qu'ils commenceront à fréquenter quelqu'un, ils devront faire des tests ADN pour s'assurer qu'ils ne sortent pas avec un parent proche", a-t-elle expliqué.
Du côté du gouvernement, le ministère néerlandais de la santé a déclaré qu'il informerait les députés des résultats cette semaine. En parallèle, l’Association des gynécologues et obstétriciens néerlandais a exhorté les mères, les donneurs et les enfants à contacter leurs cliniques de fertilité.