Oradour-sur-Glane: "Enfin en paix"

De nombreux quotidiens ont consacré leur une à ce moment qu'ils qualifient d'historique. - -
C'est la une du Figaro, du Parisien, mais aussi de nombreux journaux régionaux français. En Allemagne, l'image est également en bonne place, ce jeudi matin: celle du président allemand Joachim Gauck et son homologue français François Hollande, pour la première fois main dans la main à Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne), village martyr victime de la barbarie nazie en 1944. Les journaux des deux côtés du Rhin saluent le geste de réconciliation franco-allemand.
"Au nom de tous les Allemands", titre Die Welt, qui a choisi de montrer, en une, les trois hommes de dos. Les deux présidents entourent sur la photo Robert Hébras, survivant du massacre. Le bras de Joachim Gauck est posé sur l'épaule du vieil homme, âgé de 88 ans, comme le souligne l'article.
Le quotidien y consacre aussi son éditorial. "Oradour-sur-Glane", écrit Michaël Stürmer, "est avec ses maisons brûlées, et le souvenir de ceux qui ont été fusillés et brûlés, un lieu que l'on visite avec des larmes dans les yeux, quelle que soit sa nationalité, mais d'autant plus quand on est Allemand". Pour l'éditorialiste, le président allemand a su "trouver les bons mots", remerciant les Français pour leur "volonté de réconciliation".
"Ce geste est-il suffisant pour entrer dans l'Histoire?"
Le Parisien a choisi la même image, les trois hommes recueillis, de dos, dans les ruines de l'église incendiée le 10 juin 1944 par l'armée nazie. Le quotidien titre, lui, "Une image pour l'Histoire" et Eric Hacquemand, auteur de l'article s'interroge: "ce geste est-il suffisant pour entrer dans l'Histoire, comme celui de 1984 (NDLR, François Mitterrand et Helmut Kohl, main dans la main à Douaumont)? Le président Gauck ne joue qu'un rôle secondaire en Allemagne. Et Hollande n'a évidemment pas le rapport à la Seconde guerre mondiale qu'a pu avoir Mitterrand."
Première ou "déjà vu"?
Le Frankfuter Allgemeiner Zeitung, évoque également en une la visite historique du président allemand, titrant sobrement "Gauck et Hollande commémorent les victimes du massacre nazi d'Oradour". Le quotidien a, lui choisi de montrer une image plus chaleureuse de la rencontre. Le président Gauck y embrasse Robert Hébras. "Jamais auparavant un chancellier ou un président allemand ne s'était rendu sur les lieux du terrible crime de guerre allemand", rappelle le FAZ, dans un édito intitulé "Réconciliation".
"Déjà vu", en revanche, pour Dominique Jung, qui signe l'édito des Dernières nouvelles d'Alsace, qui souligne que "l'Allemagne n'a pas attendu le 4 septembre 2013 pour endosser ses responsabilités dans les crimes du nazisme en général et dans ceux du 10 juin 1944 en particulier. L'amitié franco-allemande est acquise depuis cinquante ans et la cérémonie d'hier en a été l'éclatante confirmation".
l'Allemagne n'a pas attendu le 4 septembre 2013 pour endosser ses responsabilités dans les crimes du nazisme en général et dans ceux du 10 juin 1944 en particulier. L'amitié franco-allemande est acquise depuis cinquante ans et la cérémonie d'hier en a été l'éclatante confirmation.
"L'Allemagne ne veut pas gouverner l'Europe"
La palme de l'émotion revient à La Nouvelle République, qui titre "Oradour enfin en paix" et montre l'accolade entre François Hollande et Joachim Gauck.
Le Figaro titre, lui, sur une phrase du président Hollande: "refuser partout l'inacceptable" et montre les deux présidents encadrant le rescapé. "Par la cérémonie, émouvante, sobre et digne d'Oradour-sur-Glane, François Hollande, président sans histoire, s'est inscrit avec justesse dans cette dimension historique inhérente à sa fonction", analyse Guillaume Tabard dans son éditorial.
"L'Allemagne ne veut pas gouverner l'Europe", titre pour sa part le Süddeutsche Zeitung, qui revient sur le discours du président Gauck, mercredi à Oradour-sur-Glane. L'Allemagne est aujourd'hui "un bon pays" et veut "construire l'Europe, mais pas la gouverner" a ainsi déclaré le président allemand après sa visite du village martyr.
Pour Le Populaire du Centre, "François Hollande et Joachim Gauck ont franchi une étape supplémentaire dans le processus de réconciliation franco-allemand".