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Europe

Le «Air Food» pour obliger l’Europe à maintenir son programme alimentaire

Extrait du clip du Air Food Project

Extrait du clip du Air Food Project - -

Sept pays européens demandent la fin du programme d’aide européen aux plus démunis, qui nourrit 18 millions de personnes chaque année. Pour faire pression sur les décideurs, des organisations françaises ont lancé une campagne virale, le « Air Food Project ».

L'Europe va-t-elle couper les vivres à ses pauvres ? L'aide alimentaire de l'UE représente 130 millions de repas distribués en France chaque année, et 18 millions d’Européens qui se nourrissent grâce à lui. Mais, déjà en sursis depuis l’an passé, le dispositif pourrait être nettement amoindri à partir de 2014 : sept pays européens (Allemagne, Autriche, Danemark, Pays-Bas, République Tchèque, Suède et Royaume-Uni) estiment que ce soutien relève de chaque Etat et non de l'Europe.
Quatre associations caritatives ont donc lancé lundi une opération inédite pour sauver le programme. Les Banques Alimentaires, la Croix-Rouge Française, le Secours Populaire et les Restos du Cœur appellent les citoyens à se filmer devant une assiette vide et à faire semblant de manger, pour ensuite poster leur vidéo sur www.airfoodproject.com. C'est sur ce site que circule une pétition pour exiger le maintien du programme d'aide européen aux plus démunis (PEAD). Programme qui doit disparaître d'ici à fin 2013.

« Un levier de pression sur les décideurs politiques »

Christophe Coffre, le vice-président de Havas Paris qui dirige le projet "Airfood", espère que le buzz suffira à faire plier les politiques. « Ce qu’on demande, c’est d’être des airfooders actifs, que chacun, avec son téléphone, sa caméra, on se filme en train de faire semblant de manger dans des lieux publics, les cantines, les fast food, avec sa famille, et qu’on participe à faire ce levier de pression sur les décideurs politiques, explique-t-il. Plus on enverra de films sur les réseaux sociaux, et plus les politiques pourront changer d’avis ».

« Il faut qu’on soit le plus nombreux possible pour gagner cette bataille »

Alain Seugé, le président de la Fédération des Banques Alimentaires, partage cet avis. « Il y a 18 millions de personnes aujourd’hui qui bénéficient de l’aide alimentaire en Europe. S’il y en a autant qui signent des pétitions, font des films, je pense que les hommes politiques suivent d’abord leur opinion publique, estime-t-il. Et ce sera le témoignage qui prouve que les européens veulent qu’il se passe quelque chose. Donc il faut qu’on soit le plus nombreux possible pour gagner cette bataille ».

« Vont-ils se montrer indignes du Prix Nobel ? »

« Le budget de l’Europe, ce sont des centaines de milliards d’euros, ce programme, 500 millions… C’est pratiquement une goutte d’eau », raconte Olivier Berthe, le président des Restos du Cœur. « Ce n’est pas qu’une question budgétaire, c’est une question de principe. Au moment où le Prix Nobel de la Paix a été attribué aux dirigeants des pays européens d’hier, ceux d’aujourd’hui vont-ils se montrer indignes de ce Nobel ? Ceux qui ont sauvé les banques, trouvé des compromis sur tout, vont-ils échouer sur le seul dossier important pour les populations les plus pauvres, celui du programme d’aide alimentaire ? », s’interroge-t-il.

« Qu’ils viennent sur le terrain voir la réalité ! »

Pour Abdelkebir, le responsable d'une banque alimentaire du 12e arrondissement de Paris, la fin de l’aide alimentaire européenne signifie « qu’on va fermer, c’est tout, on ne peut pas continuer car on ne peut pas faire face. Les gens qui décident sont loin de la réalité des pauvres. Qu’ils viennent sur le terrain voir la réalité ! » La réalité, estime Julien Pauprêtre, le président du Secours Populaire, ce sont des files de plus en plus longues. « On a maintenant des petits commerçants, des petits artisans acculés à la faillite qui viennent chez nous », témoigne-t-il.

M. Chaillot avec Benjamin Smadja