Kurdes abattues : "des représailles envers les Turcs peuvent se produire"

Des membres de la communauté kurde se recueillant près du portrait de Fidan Dogan, tuée jeudi à Paris - -
Trois femmes, militantes de la cause kurde, ont été assassinées d’une balle dans la tête dans la nuit de mercredi à jeudi à Paris. Le mobile du crime reste pour le moment inconnu. Plusieurs pistes, dont celle du PKK, sont à l’étude. Le point avec Olivier Roy, politologue, professeur à l'Institut européen de Florence.
>> Kurdes abattues : qui sont les victimes ?
Brièvement, qu’est-ce que le PKK ?
Il s'agit du Parti des travailleurs du Kurdistan, constitué en 1978 par le très charismatique Abdullah Öcalan dans un but séparatiste. C’est une organisation armée, sectaire et léniniste. Les militants sont complétement dévoués à leur leader, bien qu’emprisonné. A son arrestation en 1998, des alternatives au parti ont essayé d’émerger mais ont échoué. On peut voir en Öcalan une sorte de gourou.
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Comment le parti est-il financé ? Quels sont ses moyens d’actions ?
Il est essentiellement financé grâce à l’"impôt révolutionnaire". Les petits commerçants, exclusivement kurdes, se font racketter. La vocation n'est pas terroriste. Les actions mises en place sont surtout militaires.
Certains justifient leur adhésion au PKK pour dénoncer la répression envers les Kurdes, qu’en est-il ?
Il est vrai que c’est une communauté qui a été fortement réprimée. Parler la langue kurde n’est autorisée que depuis une dizaine d’années, avec l’arrivée au pouvoir de Recep Tayyip Erdo?an, le Premier ministre turc.
Trois activistes kurdes ont été tuées jeudi à Paris. A votre avis, quelles sont les pistes étudiées ?
Ce triple meurtre apparaît très mystérieux. D’autant plus que des négociations ont été annoncées il y a une semaine entre Ankara et le PKK pour tenter de trouver une sortie de conflit. En effet, vu les complications avec la Syrie, Erdo?an, ne se voyait pas affronter et Bachar al-Assad et le PKK. Ainsi, la première piste serait celle d’un sabotage des négociations pour faire flancher le pouvoir en place. Peut-être par l’extrême-droite turque, comme les Loups gris, le MHP… La seconde, mais peu probable, serait celle des services secrets turcs. Enfin, une autre thèse plus plausible est celle de la Syrie. En tant que traditionnel soutien du PKK, le régime d'Assad pourrait avoir envie de placer la Turquie en difficulté.
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Quels sont les risques à craindre en France suite à cet assassinat ?
Il est évident que c’est une manière d'importer la guerre en France. Les manifestations qui ont lieu actuellement sont certes dures (violences des slogans etc., ndlr) mais cela s’arrête là. La France n’a rien à craindre. En revanche des représailles envers les Turcs vivant en France peuvent se produire.
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