Naufrage à Lampedusa: plus de 130 migrants noyés

Le bilan ne cesse de s'alourdir, après le naufrage d'un bateau transportant 500 migrants. - -
Lampedusa a connu jeudi la pire tragédie de l'immigration de ces dernières années: plus de 130 migrants sont morts et quelque 200 sont portés disparus après le naufrage d'un bateau près de la petite île sicilienne. Un précédent bilan faisait état de 93 décès jeudi midi.
Selon les autorités, le navire parti de Libye transportait 450 à 500 migrants et seulement 150 environ ont été sauvés, ce qui laisse craindre un bilan d'environ 300 morts.
L'embarcation git désormais retournée, à une quarantaine de mètres de profondeur, à environ 500 mètres de la côte italienne.
Le président du Conseil, Enrico Letta, a convoqué un conseil des ministres jeudi à 17h30 pour la proclamation vendredi du deuil national, après cette tragédie.
"On n'a plus de place, ni pour les vivants ni pour les morts"
"On n'a plus de place, ni pour les vivants ni pour les morts", a déclaré, effondrée, la maire de Lampedusa, Giusi Nicolini. "C'est une horreur, une horreur; ils n'arrêtent pas d'apporter des corps".
Au moins 40 nouveaux cadavres ont été découverts par des plongeurs des garde-côtes, dans et autour de l'embarcation, qui gît retournée à une quarantaine de mètres de profondeur. Des médias ont parlé d'une centaine de corps dont ceux de femmes et d'enfants, venant alourdir un précédent bilan officiel de 93 morts.
"C'était tragique de voir les corps des enfants", a déclaré à l'antenne de la télévision Sky TG24 Pietro Bartolo, un responsable sanitaire de l'île, très ému. Lampedusa "n'a pas assez de cercueils" et a dû en faire acheminer par avion, a-t-il dit.
Rome a décrété vendredi "deuil national" et une minute de silence sera observée dans toutes les écoles ainsi qu'avant tous les matchs de football du championnat.
"Un drame européen"
Le vice-Premier ministre Angelino Alfano, dépêché sur place, a donné des précisions sur les circonstances du drame. Les migrants, en majorité des Somaliens et Erythréens, étaient partis des côtes libyennes. L'accident s'est produit "à 0,3 mille nautique (550 mètres)" de la côte, a-t-il dit.
Le bateau de pêche a commencé à prendre l'eau et "de peur qu'il ne coule, les migrants ont enflammé une couverture (pour attirer l'attention, ndlr), mais cela a provoqué un incendie, puis le navire a chaviré", selon Angelino Alfano. Sur le port s'alignaient des dépouilles, enveloppées dans des sacs mortuaires verts. Faute de place, elles étaient ensuite transportées dans un hangar de l'aéroport de l'île.
"C'est un drame européen, pas seulement italien", a expliqué Angelino Alfano, en demandant que l'Italie, où ont afflué 25.000 migrants cette année (trois fois plus qu'en 2012), puisse étendre ses patrouilles "au-delà de ses eaux territoriales".
Le pape, qui s'était rendu pour son tout premier voyage hors de Rome à Lampedusa début juillet, a parlé de "honte" face aux "nombreuses victimes de cet énième naufrage".
Selon le réseau d'ONG Migreurop à Paris, en vingt ans, 17.000 migrants sont morts en tentant de rallier l'Europe. La dernière tragédie la plus meurtrière remonte à juin 2011, quand 200 à 270 migrants originaires d'Afrique subsaharienne et fuyant la Libye s'étaient noyés en tentant de gagner Lampedusa.