Le pape ramène 12 réfugiés au Vatican, un "geste humanitaire" hautement symbolique

Le pape accueille trois familles de réfugiés ramenées de Lesbos, à Rome, le 16 avril. - Filippo Monteforte - AFP
Un geste hautement symbolique de la part du souverain pontife. Le pape François a réalisé un coup d'éclat ce samedi en ramenant de l'île grecque de Lesbos trois familles de réfugiés syriens musulmans, invités à démarrer une nouvelle vie sous l'aile du Vatican. "C'est une goutte d'eau dans la mer, mais après cette goutte, la mer ne sera plus jamais la même", a expliqué le pape à la presse pendant le vol du retour, en citant mère Teresa de Calcutta.
Pas de choix entre chrétiens et musulmans
Les 12 Syriens se sont faufilés rapidement sur la passerelle de l'avion, quand le pape saluait encore ses hôtes sur le tarmac de l'aéroport de Mytilène, le chef-lieu de l'île. Aucune raison de se cacher pourtant: tous leurs papiers sont en règle, les autorités grecques et italiennes étant parfaitement informées de la démarche, a assuré le pontife argentin.
Le pape François a expliqué que l'idée de ce "geste humanitaire" lui avait été soufflée par un collaborateur il y a une semaine: "J'ai dit oui tout de suite. J'ai entendu que cela venait de l'Esprit Saint". Et selon lui, la religion des intéressés n'est pas entrée en ligne de compte.
"Je n'ai pas fait de choix entre chrétiens et musulmans. Ces trois familles avaient leurs papiers en règle et ça pouvait se faire", a assuré le pape. "Il y avait deux familles chrétiennes mais leurs papiers n'étaient pas prêts. (La religion) n'est pas une dérogation. Tous les réfugiés sont fils de Dieu", a-t-il insisté.
Les "hôtes du Vatican"
A l'arrivée à Rome, le pape est descendu en premier puis a attendu ses invités pour les accueillir lui-même, saluant chacun avec un grand sourire et bénissant les enfants. Ils sont désormais "les hôtes du Vatican" a expliqué François à la presse. La communauté Sant'Egidio va fournir un soutien logistique au début, puis ils rejoindront les deux familles syriennes - chrétiennes celles-là - accueillies par les deux paroisses du Vatican.
A l'automne, le pape avait en effet demandé à chaque paroisse d'Europe d'accueillir une famille de réfugiés, un appel resté souvent lettre morte. Avec ses nouveaux hôtes, qui bénéficient d'un visa humanitaire et devraient déposer prochainement une demande d'asile auprès des autorités italiennes, le Vatican compte désormais une vingtaine de réfugiés pour moins de 1.000 habitants. Si les 300 millions d'Européens faisaient de même, ils accueilleraient 6 millions de personnes.
Un geste fort, pour faire passer un message
Avec ce geste fort et inattendu, le chef de l'Eglise catholique envoie un message fort à l'Europe, qu'il juge trop ferme sur la question migratoire. "Le pape François est un homme de geste plus que de parole", rappelle sur BFMTV Jean-Marie Guénois, rédacteur en chef au Figaro, spécialiste des religions.
"Les discours d'aujourd'hui étaient relativement modérés, et en fin d'après-midi, il y a eu cette surprise, au moment de monter dans l'avion. Le secret avait été très bien gardé. Ce pape a toujours promu l'intégration, et donc une forme d'immigration, que ce soit en Amérique ou en Europe, pour lui le problème est le même. Et pour faire passer son message, il n'a pas trouvé mieux que de poser ce geste très spectaculaire", ajoute Jean-Marie Guénois.
Des familles originaires de Damas et Deir Ezor
Les trois familles étaient arrivées en Grèce avant le 20 mars et l'entrée en vigueur de l'accord entre l'Union européenne et Ankara, qui prévoit notamment le renvoi vers la Turquie de tous les migrants débarquant en Grèce. Deux d'entre elles sont originaires de Damas et la troisième de Deir Ezor, dans les territoires occupés par Daesh, a ajouté le Vatican, précisant que leurs maisons avaient été bombardées.