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Italie: un mafieux arrêté 32 ans après le meurtre d'un magistrat

Des gardes devant l'entrée du service de police antimafia, à Rome.

Des gardes devant l'entrée du service de police antimafia, à Rome. - Andreas Solaro - AFP

Grâce à un ingénieux stratagème et de très nombreuses années d'enquête, les policiers italiens ont fini par obtenir des preuves accablantes contre le suspect du meurtre d'un juge anti-mafia, tué en 1983 à Turin. Il vient d'être arrêté.

La police italienne vient de réaliser un joli coup: elle a réussi à rassembler suffisamment d'éléments contre Rocco Schirripa, soupçonné d'avoir exécuté un juge anti-mafia en 1983 à Turin, pour pouvoir l'écrouer en détention provisoire. L'homme a été interpellé en début de semaine à son domicile. 

Les enquêteurs en étaient convaincus depuis des dizaines d'années, sans toutefois détenir la moindre preuve contre lui: Rocco Schirripa, boulanger dans un quartier populaire de Turin, connu des services de police pour ses liens avec la mafia calabraise, était impliqué dans le meurtre du juge Bruno Caccia. Le magistrat, réputé pour sa probité et son acharnement à lutter contre la mafia, avait été tué par balles le 26 juin 1983 devant son immeuble, peu après 23 heures, par deux tireurs embarqués dans une Fiat.

Coupure de presse et écoutes téléphoniques

Dix ans après les faits, la justice avait condamné à perpétuité le commanditaire de cet assassinat: Domenico Belfiore, patron de la Ndrangheta, une organisation mafieuse calabraise qui fait régner la terreur dans le sud de l'Italie. Mais les deux tueurs de Bruno Caccia n'avaient jamais été formellement identifiés, le boss refusant de "balancer" ses complices. 

Récemment, la police antimafia a décidé de changer de méthode, employant la ruse pour faire tomber le boulanger. Elle a fait parvenir à Domenico Belfiore, assigné à résidence pour raisons de santé, un article de presse datant de 1983, relatant l'exécution du juge Bruno Caccia. Au dos de l'image, un nom écrit à la main par les policiers: celui de Rocco Schirripa, sans autre forme d'explication. Le but de la manoeuvre était de susciter des réactions chez le boss et ses proches, tous placés sous écoute. 

Le stratagème a fonctionné: rapidement, les langues se sont déliées, donnant le nom de Rocco Schirripa, ainsi que d'autres détails accablants pour le boulanger piémontais. Des preuves suffisantes pour l'interpeller et mener des perquisitions à son domicile en début de semaine. Trente-deux ans après, l'un des tueurs présumés du magistrat Bruno Caccia va donc pouvoir être jugé. Le second tireur, lui, court toujours. 

Alexandra Gonzalez