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"Ils n'ont pas passé la filtration russe": incertitude sur le sort de civils évacués de l'usine Azovstal

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Les civils ont été interrogés et fouillés par l'armée russe après avoir été évacués de l'aciérie. Selon le DRH de l'usine, plusieurs n'ont pas passé cette "filtration russe" et n'ont pas donné de nouvelles depuis.

"Nous ignorons ce qui leur arrive". Sur les 156 civils évacués de l'usine d'Azovstal ce week-end, certains n'ont pas pu rejoindre comme les autres la ville de Zaporijia, selon des témoins interrogés par BFMTV et les propos du DRH de l'entreprise sur notre antenne.

Ces civils étaient les premiers à être évacués de l'aciérie d'Azovstal en deux mois de siège et de bombardements. Une opération menée juste avant que la Russie ne lance pour la première fois un assaut avec chars et infanterie sur l'entreprise ce mardi.

Conduits dans une autre ville

"Ce que nous ont raconté les rescapés d'Azovstal est une grande tragédie. Dans les trois derniers jours, ils ont été évacués d'Azovstal mais ils ont été conduits dans une autre ville où ils sont passés par la soit disante 'filtration' pendant trois jours sous la surveillance des militaires russes et de leurs armes" a expliqué mardi soir sur BFMTV Ivan Goltvenko, le DRH de l'usine, à Zaporijia, où les évacués ont été accueillis.

Mais une partie de ces rescapés "n'ont pas passé la filtration, ils sont restés dans cette ville et nous ignorons ce qu'il leur arrive", a déploré le DRH.

"On a vérifié leur téléphone, fouillé leurs affaires"

Lors de la "filtration" opérée par l'armée russe, les Ukrainiens évacués de l'usine "étaient déshabillés jusqu'à la taille" pour permettre aux militaires de "chercher des tatouages".

"On a vérifié leur téléphone, fouillé leurs affaires et on les a interrogés. On les faisait passer d'une tente à l'autre en leur demandant ce qu'ils ont vu, leurs liens avec le pouvoir ukrainien, leurs liens et attitudes à l'égard des militaires ukrainiens, les gens avaient peur de dire la vérité", a détaillé Ivan Goltvenko, précisant que les personnes accueillies à Zaporijia avaient perdu du poids et que certaines étaient blessées.

Un rescapé a confirmé ces informations au micro de BFMTV ce mercredi matin. Les soldats russes ont "vérifié nos appareils électroniques, toutes nos messageries, les informations que nous avions dans nos téléphones, nos tatouages, ils regardaient si on avait des symboliques militaires sur notre corps", a expliqué Igor.

Ils leur ont ensuite "posé des questions concernant ce qui se passait à Marioupol, pris des notes", et mais ils ont aussi "photographié et pris les empreintes digitales" des personnes évacuées.

"Une fille n'a pas passé les contrôles"

Un autre a confirmé à BFMTV qu'une femme avec qui il était au moment des contrôles russes n'a pas pu rejoindre Zaporijia.

"Les Russes n'ont pas laissé tout le monde partir, il y avait des filtrages, une fille n'a pas passé les contrôles car elle avait travaillé pour la police. Les Russes cherchent les personnes qui ont travaillé pour l'Etat, les fonctionnaires, les policiers, les militaires ou encore les services secrets" a-t-il expliqué.

Selon le maire de Marioupol Vadim Boïtchenko, 200 civils sont toujours terrés dans les caves de l'usine d'Azovstal. Avant le lancement de l'assaut russe, la présidence ukrainienne avait annoncé lundi matin poursuivre ses efforts, avec l'ONU et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), pour les évacuer.

Emilie Roussey