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Est de l'Ukraine: le référendum en trois questions

Une Ukrainienne glisse son bulletin dans l'urne, le 11 mai, à Donetsk.

Une Ukrainienne glisse son bulletin dans l'urne, le 11 mai, à Donetsk. - -

Les Ukrainiens de l'Est sont appelés aux urnes, ce dimanche, pour se prononcer sur leur indépendance. En quoi consiste ce vote? BFMTV fait le point en trois questions.

Après la Crimée, les habitants de l'Est de l'Ukraine se prononcent ce dimanche, via un référendum, sur l'indépendance de deux régions. Sans surprise, ils devraient répondre "oui" à la souveraineté de ces deux "oblast". Ces scrutins, organisés par les séparatistes pro-russes, sont jugés illégaux par la communauté internationales, mais pourraient avoir des conséquences historiques sur l'évolution de la crise ukrainienne, alors que Kiev maintient son élection présidentielle anticipée fixée au 25 mai. En quoi consiste ce référendum? Quelle est sa légitimité? Quelles peuvent en être les conséquences directes? BFMTV fait le point.

> Qui sont les votants?

Les citoyens de deux régions situées à l’Est de l’Ukraine: celle de Donetsk, où se trouvent notamment les villes de Slaviansk et Marioupol, théâtre de récents affrontements. Et celle de Lougansk. Toutes deux sont frontalières de la Russie et les insurgés y contrôlent les principales villes.

Au total, un peu plus de 7 millions de personnes sont appelées aux urnes, sur les 45 millions et demi d’habitants que compte l’Ukraine.

> Quelle est la légalité de ces scrutins organisés par les pro-russes?

Capture d'écran du compte Twitter de notre envoyé spécial dans l'Est de l'Ukraine.
Capture d'écran du compte Twitter de notre envoyé spécial dans l'Est de l'Ukraine. © -

Les autorités de Kiev et la communauté internationale ne les reconnaissent pas, France et Allemagne en tête. De leur côté, les Etats-Unis jugent les scrutins "illégaux" et ont également affirmé qu'ils ne les reconnaîtraient pas. D’autant que certains bureaux de vote ne présentent pas de liste électorale et se contentent d'un émargement. Par ailleurs, des fraudes, commises au cours de cette journée de vote par les électeurs eux-mêmes, sont rapportées par notre envoyé spécial sur place sur Twitter (voir photo ci-contre).

"La légitimité de ce scrutin est à peu près nulle, tout simplement parce qu'il n'y a pas d'autorités, ni à Donetsk ni à Lougansk, qui peuvent légitimement les organiser", explique Pierre Lorrain, spécialiste de la Russie et de l'ex-URSS, interrogé par BFMTV. "Ce qui est important c'est que la population de ces régions veut démontrer qu'elle n'est pas d'accord avec ce qui se passe aujourd'hui à Kiev", ajoute-t-il.

Ce dimanche, les autorités de Kiev ont qualifié le référendum de "farce criminelle" financée par le Kremlin. "Le référendum du 11 mai inspiré, organisé et financé par le Kremlin est juridiquement nul et n'aura aucune conséquence juridique pour l'intégrité territoriale de l'Ukraine", ont-elle averti.

> Quelles conséquences pourraient-ils avoir?

A seulement deux semaines de l'élection présidentielle anticipée voulue par Kiev, fixée au 25 mai, ces deux votes pourraient avoir des conséquences historiques, à commencer par la partition d'un pays déjà divisé de longue date. "Il y a différents Ukrainiens. Certains sont plus proches de l'Europe, d'autres de la Russie", rappelle Pierre Lorrain. "Le fédéralisme peut être en mesure de régler les problèmes ukrainiens", fait-il valoir.

Autre scénario possible: celui de la Crimée. Une fois libres, ces régions pourraient en effet réclamer leur rattachement à la Russie, à l'image de la péninsule du Sud de l'Ukraine.

"Cette journée n'est qu'une étape vers un engrenage catastrophique", estime Philippe Moreau-Defarges, spécialiste des relations internationales, sur BFMTV. "Poutine va gagner pendant quelques semaines, quelques mois. Après, la catastrophe va arriver. Un état de semi-guerre civile va s'installer dans l'Est de l'Ukraine, car toute une partie de la population de ces régions n'accepte pas le processus en cours et ne participera pas au référendum. On entre dans l'enlisement", conclut l'expert.

Adrienne Sigel et avec Camille Bourleaud