EELV et traité européen : un manque de cohérence ?

EELV s’est prononcé samedi contre la ratification du traité budgétaire européen. Une décision qui a provoqué le départ de Daniel Cohn-Bendit du parti. Au sein du parti, la décision fait débat. Certains parlent d’un manque de cohérence, d’autres estiment qu’il est normal qu’il y ait une part de débat au gouvernement.

Pour Europe Ecologie-Les Verts, le traité budgétaire européen, c’est non. Le Conseil fédéral d’EELV, le « parlement » des écologistes qui compte 150 membres, a décidé samedi avec une majorité de 70% de voter contre la ratification du « Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance » (TSCG) qui sera soumis au Parlement à partir du 2 octobre.

« On ne peut pas dire non à l’austérité et oui à l’austérité française »

Une décision qui fait débat, alors que deux ministres écologistes, Cécile Duflot (ministre du Logement) et Pascal Canfin (ministre délégué au Développement) restent au gouvernement. Daniel Cohn-Bendit, le coprésident du groupe Vert au parlement européen, a décidé de « suspendre » sa participation au mouvement écolo français après s'être dit « orphelin » du parti. Pour lui, on ne peut rester au gouvernement et voter non au traité. C’est aussi l’avis de Sandrine Bélier, eurodéputée EELV : « On ne peut pas dire non à l’austérité et oui à l’austérité française. A partir du moment où on vote contre le cadre, cela signifie que notre mouvement devrait voter contre le budget tel qu’il va être présenté et donc, de fait, on ne s’inscrit plus dans la solidarité gouvernementale. C’est là que ça devient difficile d’expliquer la cohérence de la position anti traité pour un budget qui est la traduction de ce traité. »

« La meilleure solution pour eux, qu’ils quittent le gouvernement »

Jean Leonetti, ancien ministre des Affaires européennes, pense aussi que les deux ministres écologistes devraient quitter leurs fonctions : « Je pense qu’ils devraient pousser la logique jusqu’au bout, ils ne sont pas là pour prendre des postes, ils sont là pour assurer et assumer ce en quoi ils croient. S’ils pensent que le traité européen n’est pas conforme à leurs attentes, il n’y a qu’une seule façon de faire. Il y a un autre ministre qui avait dit un jour qu’un ministre ça se taisait ou ça démissionnait. Donc, comme ils ne se taisent pas, la meilleure solution pour eux c’est qu’ils quittent le gouvernement. »

« Normal qu’il y ait une part de débat au sein de la majorité »

A l’inverse, François de Rugy, député EELV et président du groupe à l’Assemblée nationale, n’y voit aucune contradiction : « Je ne vois pas pourquoi on demanderait à Cécile Duflot et Pascal Canfin, ministres écologiques, de démissionner, estime-t-il. Personne n’a demandé à Manuel Valls de démissionner alors qu’il a pris position publiquement en tant que ministre contre le droit de vote des étrangers aux élections locales. Ça veut bien dire que le débat existe au sein de la majorité et au sein du gouvernement même. Je pense qu’il est normal qu’il y ait une part de débat au sein de la majorité. »

La Rédaction, avec Antoine Perrin