Copenhague: "Le modèle de l'attaque était le même" qu'à Paris, témoigne Lars Vilks

Le caricaturiste Lars Vilks en 2012, chez lui en Suède. - Bjorn Lindgren - TT News Agency - AFP
Depuis ce jour d'août 2007 où il fut le premier à publier une caricature de Mahomet (représenté avec un corps de chien) dans le journal suédois Nerikes Allehanda, la vie de l'artiste Lars Vilks a radicalement changé. Le week-end dernier, il était sans nul doute l'une des cibles de la première fusillade qui a éclaté à Copenhague samedi, alors qu'il assistait à un débat sur la liberté d'expression. Une fusillade suivie quelques heures plus tard d'une autre devant une synagogue. Les attaques ont fait deux morts et cinq blessés.
Le caricaturiste, visé par une fatwa émise par la branche irakienne d'Al-Qaïda, a témoigné lundi par téléphone auprès de nos confrères de RTL de son ressenti après cette tentative présumée d'assassinat.
"Je n'étais pas trop effrayé"
Après avoir rappelé la présence de la sécurité "à l'intérieur et à l'extérieur du bâtiment", Lars Vilks, qui s'exprime en anglais, explique que l'agresseur "a tiré à travers les vitres pour tenter de tuer des policiers". Il précise toutefois qu'il "n'a rien vu directement". Protégé depuis 2010 par des gardes du corps, ce qui lui a permis "de retrouver une vie plus normale", le dessinateur suédois revient également sur les quelques secondes pendant lesquelles sa vie était en jeu.
"Moi et les autres personnes présentes dans la salle de conférence avons entendu le bruit, le 'bang, bang, bang'. C'était impressionnant et c'est allé très vite. Les gardes du corps qui étaient avec moi dans la pièce ont réagi immédiatement pour m'emmener dans un endroit sûr. Je n'étais pas trop effrayé. J'ai déjà vécu tant d'incidents. Cela me paraissait presque naturel. Cela fait partie de ma vie. J'ai été emporté dans une autre pièce et c'était comme être dans un film".
"Le modèle de l'attaque de Paris était le même"
Lars Vilks relève également des similitudes avec les attaques perpétrées à Paris, notamment contre Charlie Hebdo, tant dans le mode opératoire que par rapport au but recherché.
"Tout ça, c'était surprenant parce qu'il semble que le modèle de l'attaque de Paris était le même que celle-ci, à Copenhague. Et le fait nouveau ici, c'est que nous avons des amateurs, mais qui sont très dangereux, car ils sont lourdement armés. Ces personnes violentes essayent de nous faire taire et essayent de changer notre point de vue sur la liberté d'expression", s'inquiète Lars Vilks.
Cette ressemblance frappante entre ces attaques, à Paris puis à Copenhague, avait également été relevée immédiatement après les faits par François Hollande et Bernard Cazeneuve. Le ministre de l'Intérieur s'était rendu dès dimanche à Copenhague pour témoigner de son soutien aux Danois.
Le caricaturiste Lars Vilks confirme aussi la nécessité pour lui de changer de lieu de résidence, de se cacher à cause d'un "niveau élevé de menace". Dans cet endroit tenu secret, et où il vit désormais, il explique avoir "aménagé un studio". "Je n'arrêterai jamais de dessiner", conclut-il.