Budapest: des dizaines de milliers de personnes présentes pour la marche des fiertés malgré l'interdiction

Des dizaines de milliers de personnes ont commencé à défiler ce samedi 28 juin à Budapest, en Hongrie, dans une ambiance festive, défiant le bannissement de la marche des fiertés, ont constaté des journalistes de l'Agence France-presse (AFP).
La police a interdit la semaine dernière ce rassemblement, une régression inédite des droits LGBT+ dans l'UE justifiée par la "protection des enfants", mais les organisateurs et la mairie écologiste ont décidé de le maintenir, estimant qu'un tel événement municipal ne nécessitait pas d'autorisation officielle.
Sur place, plusieurs eurodéputés, dont des Français, sont présents participer à l'événement. La commissaire européenne chargée de l'Égalité, Hadja Lahbib, a aussi fait le déplacement. Parmi les élus présents à Budapest, Raphaël Glucksmann a appelé la Commission européenne, peu avant la marche, à "mettre un stop" au président Viktor Orban.
Le Premier ministre hongrois "a compris qu'il pouvait tout se permettre, qu'il pouvait nous marcher dessus et que de toute façon, il n'y aurait pas de réaction, et qu'à chaque fois, on lui pardonnerait, on recommencerait le jeu des négociations avec lui", déplore Raphaël Glucksmann.
"Les LGBTphobies n'ont pas leur place dans notre UE"
Jean-Marc Berthon, ambassadeur pour les droits des personnes LGBT+, présent pour représenter officiellement le gouvernement français lors de cette marche, écrit ce samedi sur X que "la Pride de Budapest concerne tous les citoyens européens" et rappelle que "les LGBTphobies n'ont pas leur place dans notre Union européenne".
"Fiers et déter’ face à Orbán l’autoritaire! Happy pride à Budapest!", clame pour sa part l'eurodéputée issue de LFI Manon Aubry sur X.
"Au-delà de nos différences politiques: unis pour la défense des libertés fondamentales et de l’État de droit dans l’Union européenne", écrit de son côté sur X Valérie Hayer, présidente du groupe Renew au Parlement européen.
Cette dernière a appelé, auprès de l'AFP, à "faire pression sur les États" pour qu'ils "relancent au moins symboliquement la procédure" de l'article 7, destinée à sanctionner un État membre où est constatée une "violation grave" de l'État de droit.
Interdite par la police, avant une réplique du maire
La police de Budapest a annoncé jeudi 19 juin l'interdiction de la marche des fiertés dans la capitale hongroise, invoquant une récente loi anti-LGBT+ du gouvernement nationaliste de Viktor Orban, qui entrave depuis des années les droits des personnes LGBT+ au nom de "la protection des enfants".

Le document de 16 pages fait référence au texte adopté mi-mars visant à bannir toute manifestation qui violerait la législation de 2021 interdisant d'évoquer auprès des mineurs "l'homosexualité et le changement de sexe".
Il s'appuie aussi sur un amendement constitutionnel voté peu après affirmant "la primauté du droit des enfants à un développement physique, mental et moral correct sur tout autre droit", y compris celui de se rassembler. Selon les autorités, la marche doit se dérouler dans un lieu fermé, comme un stade, hors du regard des enfants.
Le maire de Budapest a répliqué de son côté en maintenant le rassemblement, dénonçant une décision qui "n'a aucune valeur". Il s'agit d'un "événement municipal" ne nécessitant pas d'autorisation officielle, a écrit sur Facebook Gergely Karacsony.
Les participants s'exposent à une amende pouvant aller jusqu'à 500 euros, somme "qui sera reversée aux fins de protection de l'enfance". Avec la possibilité pour la police d'identifier les contrevenants via des outils de reconnaissance faciale.