Autriche: l'arrivée de l'extrême droite au gouvernement "contraire aux valeurs de l'Europe" d'après François Hollande

Le chancelier Sebastian Kurz et le vice-chancelier Christian Strache, le 18 décembre 2017 - VLADIMIR SIMICEK / AFP
Le nouveau gouvernement autrichien formé par la droite et l'extrême droite a prêté serment ce lundi, contesté à Vienne par quelques milliers de manifestants, mais sans provoquer d'émois chez les partenaires de l'Autriche qui s'est engagée à garder un cap pro-européen. Samedi, l'extrême droite autrichienne a obtenu trois ministères régaliens: la Défense, les Affaires étrangères et l'Intérieur.
À 31 ans, le conservateur Sebastian Kurz devient chancelier, et plus jeune dirigeant du monde, huit mois après avoir pris les commandes du parti chrétien-démocrate (ÖVP) qu'il a conduit à la victoire lors des législatives d'octobre. Le chef de l'État, Alexander Van der Bellen, un écologiste libéral, a investi le nouveau gouvernement de treize ministres, avec six postes-clés occupés par la formation d'extrême droite (FPÖ), en fixant des lignes rouges.
Le chancelier appelé par le président à "respecter l'histoire autrichienne"
Le président a appelé la coalition de Sebastian Kurz à "respecter l'histoire autrichienne, (...) ses pages positives comme ses pages sombres", à "respecter les droits des minorités et ceux qui pensent différemment".
Non loin du palais présidentiel, plusieurs milliers de personnes manifestaient contre la présence du FPÖ au gouvernement, rassemblées derrière des banderoles proclamant "les Nazis dehors" ou "Mort au fascisme". Le retour au pouvoir du FPÖ électrise en revanche ses alliés nationalistes européens, après une année 2017 marquée par les scores élevés de l'extrême droite en France, en Allemagne, aux Pays-Bas.
Le FPÖ exclu une sortie de l'UE
Le FPÖ, malgré son ADN eurosceptique, a toutefois dû accepter que la question d'une sortie de l'UE soit exclue du champ des consultations populaires que le nouveau gouvernement veut promouvoir. Pour rassurer ses partenaires de l'UE, Sebastian Kurz conservera aussi la haute main sur les dossiers européens alors que l'Autriche présidera l'UE au second semestre 2018. Il se rendra d'ailleurs dès mardi à Bruxelles pour rencontrer le patron de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et le président du Conseil européen, Donald Tusk.
Des réactions politiques diplomates
Concernant les réactions politiques, l'ancien président François Hollande a jugé lundi "contraire aux valeurs" de l'Europe la composition du nouveau gouvernement autrichien formé par le conservateur Sebastian Kurz, avec trois ministres du parti d'extrême droite FPÖ à des postes régaliens.
"La composition du nouveau gouvernement autrichien avec l'extrême droite dans des ministères régaliens est contraire aux valeurs que l'Europe porte", écrit l'ancien président sur Twitter.
Au gouvernement, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères assure que "La France adresse ses félicitations à Sebastian Kurz", assurant que "Le nouveau chancelier a, à de nombreuses reprises, affirmé son attachement aux valeurs européennes et au projet européen, ce que le programme de son gouvernement reprend".
Côté européen, Donald Tusk, le président du Conseil, a affirmé être "confiant dans le fait que le gouvernement autrichien continuera à jouer un rôle constructif et pro-européen au sein de l'Union européenne", dans un courrier rendu public.