Au moins 20 morts dans les incendies au Portugal

Des pompiers essaient d'éteindre un feu à Macao le 17 août 2017. - PATRICIA DE MELO MOREIRA / AFP
Le Portugal observe à partir de ce mardi un deuil national de trois jours après la mort d'au moins 36 personnes dans des incendies de forêt qui ont aussi fait trois morts en Espagne.
Les incendies continuaient lundi de ravager le Portugal et la région voisine de Galice en Espagne, où trois personnes sont mortes, portant le bilan des incendies dans la zone à 39. Ces régions sont frappées par des mois de sécheresse et balayées par des vents violents au passage de l'ouragan Ophelia.
"Il y a encore des lieux où les secours ne sont pas encore parvenus, et ce bilan reste donc provisoire", a prévenu la porte-parole de la protection civile portugaise, Patricia Gaspar, précisant qu'un bébé d'un mois figurait parmi les victimes confirmées.
Les centaines d'incendies qui se sont déclarés dimanche et lundi ont également fait 63 blessés, dont 16 graves parmi la population et les pompiers. Le Portugal avait déjà été bouleversé à la mi-juin par l'incendie le plus meurtrier de son histoire, qui a fait 64 morts et plus de 250 blessés près de Pedrogao Grande (centre). "Après cette année, plus rien ne doit rester comme avant", a déclaré le Premier ministre Antonio Costa depuis sa résidence officielle.
3.600 pompiers mobilisés
Dans la nuit de lundi à mardi, 3.600 pompiers tentaient de venir à bout d'une cinquantaine de foyers encore actifs en début de soirée, dont la moitié étaient jugés "importants".
Au Portugal comme en Galice, la météo était plus clémente lundi que la veille, avec des températures en baisse et parfois même de la pluie, mais les pompiers avaient encore beaucoup à faire. Et, même si des averses sont également attendues ce mardi, la protection civile a décidé de prolonger l'alerte rouge en vigueur depuis dimanche matin. "On attend de la pluie à partir de cette nuit, mais elle pourrait ne pas être aussi forte qu'on le souhaite", a expliqué sa porte-parole.
Lundi en fin d'après-midi, les autorités galiciennes, qui ont décrété trois jours de deuil régional, recensaient toujours une quinzaine de foyers actifs pouvant représenter un risque pour les populations et les habitations.
Parmi la quinzaine d'incendies considérés comme "importants" lundi soir, le plus préoccupant faisait rage dans la commune de Lousa (centre), où des pompiers positionnés à flanc de colline s'efforçaient de freiner l'avancée des flammes aux abords du village de Cabanoes, a constaté un journaliste de l'AFP. Malgré une nouvelle baisse des températures et la pluie prévues pour mardi, la protection civile a décidé de prolonger l'alerte rouge en vigueur depuis dimanche matin.
524 incendies ou départs de feux
Ces incendies, dont une partie a "pour la première fois" traversé la "frontière naturelle" du nord du Portugal vers l'Espagne, ont été attisés par des rafales de vent allant jusqu'à 90 km/h liées à l'ouragan Ophelia, qui passait au large de la péninsule ibérique et se dirigeait vers l'Irlande, a expliqué le chef du gouvernement régional de Galice, Alberto Nunez Feijoo.
"Nous sommes frappés par une sécheresse sévère et le pays a été balayé hier (dimanche) par des vents très forts, en raison de l'ouragan Ophelia qui est passé tout près", a confirmé la ministre portugaise de l'Intérieur, Constança Urbano de Sousa.
Le Portugal a enregistré dimanche 524 incendies ou départs de feux, du jamais vu depuis 2006, a souligné le Premier ministre Antonio Costa, qui a déclaré "l'état de catastrophe publique".
Appel à la solidarité européenne
Lisbonne a par ailleurs sollicité des renforts à ses partenaires de l'Union européenne et au Maroc, auquel l'Italie a répondu en acceptant de prêter deux avions bombardiers d'eau.
"Lorsqu'il s'agit d'affronter une calamité de cette ampleur, il faut mobiliser tous les moyens et toute la solidarité européenne", a déclaré au Luxembourg le ministre des Affaires étrangères, Augusto Santos Silva. "L'Espagne, la France et le Maroc sont eux aussi confrontés à des incendies préoccupants" et n'ont pas encore répondu aux appels à l'aide.
"Ambiance de fin de monde"
Sous une épaisse fumée, au milieu d'une forêt de pins et d'eucalyptus calcinés, les habitants du village de Ventosa, situé dans la commune de Vouzela (centre), s'employaient à éteindre des reprises de feu avec des tuyaux d'arrosage, encore sous le choc d'une nuit infernale.
"Tout s'est passé en 45 minutes, le feu est arrivé en bas du village et s'est propagé à une vitesse incroyable. Je n'avais jamais vu ça. Vraiment, c'était une ambiance de fin du monde. Tout le monde a fui et je me suis retrouvé seul ici", témoigne Jose Morais.
La plupart des victimes ont été piégées par les flammes dans leur voiture ou leur maison, ou alors qu'elles tentaient en vain de sauver leurs exploitations agricoles. En Galice, deux personnes ont péri piégées dans leur véhicule près de Nigran, alors qu'elles essayaient de fuir, et un homme âgé a été retrouvé mort dans un hangar derrière sa maison, à Carballeda de Avia.
Le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, a accusé lundi des incendiaires d'avoir provoqué la majeure partie de ces feux meurtriers. "Ce que nous vivons ici c'est quelque chose qui ne se produit pas par hasard, ça a été provoqué", a-t-il dit lors d'une visite en Galice, sa région natale.