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Sous-marins, câbles de communication: ce que l'on sait des soupçons d'espionnage russe dans les eaux britanniques

Un sous-marin nucléaire britannique en maintenance à la base navale de Clyde, à Faslane en Écosse, le 28 avril 2023.

Un sous-marin nucléaire britannique en maintenance à la base navale de Clyde, à Faslane en Écosse, le 28 avril 2023. - Andy Buchanan / AFP

Une enquête publiée ce dimanche 6 avril par l'hebdomadaire britannique The Sunday Times révèle que des engins russes, suspectés d'espionner les sous-marins nucléaires du Royaume-Uni, ont été retrouvés dans les eaux britanniques, ce que Londres dément.

Des capteurs russes, soupçonnés d'avoir été installés par Moscou pour espionner les sous-marins nucléaires britanniques ont été retrouvés autour du Royaume-Uni, selon une enquête publiée dimanche 6 avril par le Sunday Times.

"Plusieurs" de ces capteurs ont été découverts échoués sur le littoral tandis que d'autres ont été "localisés par la Royal Navy" avec des navires chasseurs de mines, affirme le journal.

• Une vaste enquête qui accuse la Russie

Durant son enquête, le Sunday Times dit avoir découvert des engins russes sans pilote "dissimulés près de câbles de communication sous-marins" dans les eaux britanniques. Des yachts appartenant à des oligarques russes ont également pu être utilisés pour conduire des opérations de reconnaissance sous-marine.

Pour des responsables militaires et du renseignement auprès du média, Moscou tentait de recueillir des renseignements sur les quatre sous-marins de classe "Vanguard", qui transportent des missiles nucléaires.

Au moins l'un d'eux, mis en service en 1994 dans le cadre du programme nucléaire Trident, est actuellement en mer et fait partie de la force de dissuasion continue du Royaume-Uni.

En réaction à ces révélations, Tobias Ellwood, ancien sous-secrétaire d'État au sein des ministères de la Défense et des Affaires étrangères, a déclaré au Guardian que l'utilisation de capteurs n'était "que la moitié de l'histoire", assurant que le Kremlin avait établi des "plates-formes sous-marines" au large des côtes britanniques.

Elles serviraient de stations de recharge pour des dizaines de mini-sous-marins "pour cartographier nos réseaux de câbles sous-marins en vue d'un sabotage potentiel", a-t-il expliqué.

"90% de nos données proviennent de la mer et 60% du gaz provient de Norvège, ce qui illustre notre vulnérabilité, a-t-il ajouté. L'ampleur des dégâts [que ces bases russes en eaux profondes pourraient causer] est énorme, niable et peu coûteuse. C'est là toute l'inquiétude".

• Le gouvernement britannique dément officiellement

Les informations publiées par le Sunday Times n'ont jamais été rendues publiques par les autorités britanniques, bien qu'elles aient été considérées comme un risque sérieux pour la sécurité nationale selon le journal.

Contacté par l'AFP, un porte-parole du ministère de la Défense britannique a qualifié l'enquête de "spéculation". "Notre force de dissuasion nucléaire continue de patrouiller les océans du monde sans être détectée, comme elle le fait depuis 56 ans", s'est-il encore défendu.

"C'est un peu comme la course à l'espace. C'est un monde enveloppé de secrets et de subterfuges… Mais il y a suffisamment de fumée pour suggérer que quelque chose brûle quelque part", nuance de son côté une source du Sunday Times.

Selon le média, le gouvernement soupçonne néanmoins Moscou d'avoir déployé le matériel d'espionnage dans le cadre d'une vaste campagne de guerre "en zone grise" avec Londres.

Pour Tobias Ellwood, qui a démissionné de son poste de député conservateur l'an passé, cet événement prouve la nécessité d'une expansion massive des capacités de surveillance de la marine britannique, qu'il juge "en retard en matière de dissuasion et de capacité de réaction". Et ce, malgré le déploiement du RFA Proteus, un navire de surveillance en haute mer acquis par la Royal Navy en 2023.

• Un contexte de "guerre" qui "fait rage dans l'Altantique"

En janvier dernier déjà, le ministère de la Défense avait indiqué que le navire de surveillance russe Yantar était entré dans les eaux britanniques et avait été repéré dans la Manche.

Le ministre de la Défense, John Healey, avait alors averti le président Vladimir Poutine que Londres n'hésiterait pas à prendre "des mesures énergiques pour protéger le Royaume-Uni".

"Il ne fait aucun doute qu'une guerre fait rage dans l'Atlantique. C'est un jeu du chat et de la souris qui dure depuis la fin de la Guerre froide, et qui s'intensifie de nouveau", a indiqué un responsable de l'armée, cité anonymement par le Sunday Times.

Au moins 11 câbles sous-marins de télécommunications et d'alimentation électrique ont été endommagés ces quinze derniers mois dans la mer Baltique. Dirigeants européens et experts soupçonnent des actes de sabotage orchestrés par la Russie, des accusations démenties par Moscou.

Depuis l'invasion illégale de l'Ukraine en 2022, les forces de Vladimir Poutine ont intensifié le sabotage et la surveillance d'infrastructures sous-marines essentielles pour l'Occident, telles que les câbles Internet et les oléoducs et gazoducs.

Gabriel Joly avec AFP