Comment la France protège ses câbles sous-marins

Les câbles sous-marins sous haute-surveillance. Depuis le sabotage des gazoducs Nord Stream 1 et 2, la France veille de près sur les infrastructures stratégiques sous-marines, notamment celles par lesquelles transitent Internet et les données financières depuis les Etats-Unis vers l'Europe.
Les services de renseignements, la Marine nationale, les armateurs, les câbliers et les fournisseurs d'accès à Internet sont sur le pied de guerre pour surveiller des milliers de kilomètres de câbles par lesquels transitent 99% du trafic Internet mondial ainsi que des dizaines de milliards de transactions financières. Ces réseaux sont fixés au fonds de l'océan à des profondeurs allant de quelques dizaines à plusieurs milliers de mètres, selon les zones.

Ces installations restent bien mieux surveillées que les gazoducs Nord Stream de la Baltique. Le trafic maritime est d'abord surveillé par la Marine nationale qui dispose de navires de surface et de sous-marins pour éloigner toute présence suspecte. Ces câbles sont aussi surveillés depuis l'espace avec les satellites des services de renseignements. Car la menace est réelle.
En août 2021, au large de l’Irlande, le Yantar, un navire "océanographique" qui dispose d'un mini sous-marin capable de plonger jusqu’à 6000 mètres de profondeur, a suivi le tracé des câbles sous-marins de télécommunications qui relient l’Irlande aux États-Unis. Ce navire espion a été repéré par le satellite Sentinel-2. La Marine nationale a dû intervenir pour l'éloigner de la zone.
Moins de 48 heures pour réparer
Selon Europe 1, inquiet du sabotage des gazoducs, Emmanuel Macron aurait demandé aux armées et aux services de renseignement une inspection de la sécurité des câbles sous-marins français.
Ces réseaux sont déjà sous étroite surveillance par les Orange Marine, qui disposent d'une flotte de 8 cabliers prêts à intervenir. Alcatel Submarine Network dispose également d'une flotte dont la mission est l'intervention d'urgence en cas de coupure. Si un incident se produisait, il faudra moins de 48 heures pour rétablir le réseau.
On sait que des puissances étrangères ont la capacité d’aller très profond (...). On est prêt à intervenir si jamais il y avait des câbles à réparer. Une partie de la flotte d’Alcatel que nous opérons est faite pour cela, on est prêt", explique sur BFM Business Edouard Louis-Dreyfus, président de Louis-Dreyfus Armateurs
Cette efficacité repose sur les capteurs installés tout au long des câbles. Le moindre problème déclenche une alerte en indiquant précisément les coordonnées GPS de l'endroit où il faut intervenir. Ils sont conçus pour prévenir d'une coupure, mais aussi d'une tentative de cyber-espionnage sur le réseau.
Et quand bien même un câble serait coupé, le réseau ne le serait pas. Les câbles sont en effet installés avec un système de redondance pour parer une coupure. Il faudrait en sectionner simultanément plusieurs qui utilisent chacun des tracés différents pour qu'un sabotage ait un impact perceptible pour les utilisateurs d'Internet.
