Royaume-Uni: un réseau Telegram lié à la Russie rémunèrait des attaques contre des mosquées en cryptomonnaie

Une offre inquiétante. Comme le rapporte The Guardian, un réseau de chaînes Telegram lié à la Russie encourageait les Britanniques à attaquer des mosquées. Le réseau demandait aux personnes vivant au Royaume-Uni de commettre des actes "violents" contre des musulmans en échange de cryptomonnaie.
Concrètement, les membres du groupe ont ouvertement discuté de "brûler des corans en masse". Ils auraient également partagé des vidéos de ce qui semble être des incendies criminels, des attaques à l’acide et des tests de bombes artisanales. Chaque canal du réseau invitait ensuite les utilisateurs à contacter les organisateurs en message privé. Depuis, les profils ont été supprimés par Telegram.
Graffitis, bombes artisanales et QR codes
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que ces chaînes Telegram font parler d’elles. Dès le début du mois, ces comptes avaient déjà fait taguer les murs de mosquées et des écoles de Londres avec des graffitis islamophobes. Les individus qui créent les "plus beaux graffitis", reçoivent ensuite 100 livres (environ 121 euros) en cryptomonnaie.
En parallèle, des documents détaillant les recettes de fabrication de bombes et des tutoriels pour fabriquer des armes imprimées en 3D ont circulé sur ces groupes. Des affiches avec des QR codes renvoyant vers ces fameux profils Telegram ou Tiktok sont également apparues dans les rues anglaises.
Mais le langage et les injonctions sur ces chaînes sont devenus plus violents et plus explicites ces derniers jours, allant jusqu'à évoquer des "attaques au couteau contre des musulmans". Une enquête de police est actuellement en cours.
D’après le dossier transmis à la police de lutte contre le terrorisme et au ministère de l'Intérieur par le groupe Hope Not Hate, ces chaînes Telegram seraient liées à la Russie. En effet, depuis 2022, la Russie intensifie ses opérations de guerre hybride contre les Etats qui s’opposent au pays et soutiennent l’Ukraine. Or, le 25 février dernier, le Premier ministre britannique a annoncé une hausse inédite des dépenses militaires à 2,5% de son PIB en 2027, évoquant le contexte du conflit ukrainien.
De potentiels liens avec la Russie
Selon le dossier transmis aux forces de l’ordre, plusieurs indices prouvent les liens de ces chaînes avec la Russie. Ainsi, le compte administrateur de l’un de ces profils a partagé une capture d’écran de son profil X (ex-Twitter). Ce dernier était paramétré en russe et défini sur un fuseau horaire utilisé en Russie et en Biélorussie. Des caractères cyrilliques ont également été retrouvés dans certains messages. Enfin, deux des utilisateurs les plus actifs du groupe ont également partagé des messages depuis la Russie dans des conversations Telegram pro-Poutine et anti-Ukraine.
"Nous sommes préoccupés, compte tenu des tentatives russes antérieures de recruter des groupes au Royaume-Uni disposés à accomplir des actes criminels ici, que ce réseau soit conçu pour recruter des personnes pour accomplir des actes de violence, et qu'elles soient peut-être déjà en train de préparer des personnes pour cela", alerte Gregory Davis, chercheur pour Hope Not Hate.
Selon lui, les organisateurs derrière ces chaînes tentent "d’établir un contact direct avec les militants britanniques d'extrême droite sur la plateforme, et sont susceptibles de les encourager en privé à mener un acte de terreur".
"Nous ne laisserons pas Internet servir de paradis à ceux qui cherchent à semer la division dans nos communautés, c'est pourquoi nous travaillons rapidement à la mise en œuvre de la loi sur la sécurité en ligne", insiste de son côté un porte-parole du gouvernement, qui rappelle que les plateformes sont tenues de supprimer les contenus illégaux sur leurs réseaux.
Telegram a de son côté immédiatement supprimé les chaînes. "Les appels à la violence sont explicitement interdits par les conditions d'utilisation de Telegram. Des modérateurs programmés par une IA spécifique et des outils d'apprentissage et de détection spécifiquement conçus surveillent activement les contenus publics hébergés sur notre plateforme, et traitent les signalements des utilisateurs et organisations pour le retrait quotidien de millions d'éléments indésirables et malveillants", rappelle un porte-parole de la plateforme auprès de Tech&Co.