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Royaume-Uni

Piégés par la presse, deux ex-ministres britanniques au cœur d'un scandale de corruption

Le député du Labour, Jack Straw, est tombé dans le piège que lui ont tendu des journalistes, qui le filmaient en caméra cachée.

Le député du Labour, Jack Straw, est tombé dans le piège que lui ont tendu des journalistes, qui le filmaient en caméra cachée. - Capture d'écran Youtube

Deux députés britanniques, anciens ministres, sont visés par un scandale de corruption, après avoir été filmés en caméra cachée par des journalistes en train de proposer leur influence, moyennant une importante rétribution.

Nouvelle affaire au goût de scandale, outre-Manche. Après avoir été filmés en caméra cachée, deux ex-ministres des affaires étrangères britanniques ont été accusés par le quotidien The Daily Telegraph et la chaîne de télévision Channel 4 d'avoir proposé, moyennant rétribution, d'user de leur influence pour favoriser une entreprise privée. Les deux hommes ont été piégés par des journalistes, qui se sont fait passer pour des hommes d'affaires asiatiques, venus de Hong-Kong.

Offre d'"influence"

Le reportage, diffusé sur Channel 4 dimanche, montre le député du parti travailliste Labour, Jack Straw, offrant d'user de son influence contre une rétribution de 5.000 livres (soit 6.800 euros) par jour. Il révèle également avoir travaillé clandestinement pour un fournisseur ukrainien. Selon l'enquête, Jack Straw a dit aux journalistes qu'il avait agi ainsi pour modifier les règles de l'Union européenne, afin d' aider une société de produits de consommation qui l'a rémunéré à hauteur de 60.000 livres (81.100 euros) par an.

Malcolm Rifkind, député conservateur, a pour sa part proposé de permettre un "accès utile" à tout ambassadeur britannique dans le monde, selon ces reporters qui étaient équipés d'une caméra cachée. Ces allégations interviennent quelques mois avant les élections législatives du 7 mai, et ternissent un peu plus l'image des députés britanniques.

Exclus de leurs groupes parlementaires

Les deux hommes ont fermement nié un comportement inapproprié. Malcolm Rifkind a été exclu du groupe parlementaire conservateur en attendant la tenue d'une commission disciplinaire au sein du parti. Jack Straw a de son côté annoncé dès dimanche soir, quand l'enquête journaliste a été publiée, qu'il s'excluait de lui-même du groupe parlementaire travailliste. Les deux hommes politiques ont été par ailleurs renvoyés devant le commissaire chargé de veiller au respect des règles parlementaires. 

Interviewé par la radio BBC 4 lundi, Malcolm Rifkind, qui préside la commission parlementaire chargée de la sécurité, a nié avoir commis tout méfait, affirmant que de telles activités sont jugées "acceptables" par le Parlement.

"Tous vos auditeurs peuvent aller sur l'Internet consulter le registre des activités privées des députés. Ils peuvent voir chaque centime que je gagne, combien de temps il me faut pour gagner cet argent et ce que je fais en échange", a pour sa part assuré Malcolm Rifkind, qui a été ministre de la Défense et ministre des Affaires étrangères du gouvernement de John Major.

"Je regrette énormément d'avoir rencontré ces gens"

Le Parlement autorise en effet les députés à avoir des activités professionnelles privées, à condition, notamment, de les déclarer et de ne pas utiliser les ressources parlementaires pour les mener à bien. "Je n'ai aucune raison d'être gêné. J'aurais été prêt à dire à la télévision tout ce que j'ai dit à ces gens", a ajouté Malcolm Rifkind, qui a été anobli en 1997.

De son côté, Jack Straw a indiqué qu'il avait clairement expliqué à ses interlocuteurs qu'il ne travaillerait pour l'entreprise qu'après avoir abandonné son mandat de député après les élections de mai. Le parlementaire travailliste, qui a été ministre des Affaires étrangères et ministre de la Justice dans les gouvernements de Tony Blair et de Gordon Brown, s'est dit "mortifié" par les accusations, sur la radio BBC 4. "Je regrette énormément d'avoir rencontré ces gens", a-t-il déclaré.

A.S. avec AFP