Armes blanches chez les mineurs: comment le Royaume-Uni tente de lutter contre ce fléau?

Des policiers britanniques (photos d'illustration). - BEN STANSALL / AFP
Après le nouveau drame survenu ce mardi 10 juin dans un collège de Nogent (Haute-Marne) où une surveillante a été poignardée par un élève de 14 ans, les Matignon et l'Élysée ont promis des actions.
Le Premier ministre prévoit de mettre en oeuvre d'ici 15 jours l'interdiction de la vente de couteaux. François Bayrou souhaite également que le "contrôle de l'âge soit étendu" pour l'achat de couteaux en ligne. "Un jeune de quinze ans ne pourra plus acheter un couteau sur Internet", a affirmé le président de la République Emmanuel Macron sur France 2 ce mardi.
Le chef de l'État veut aussi "interdire les réseaux sociaux aux moins de 15 ans" en France si l'Union européenne ne s'empare pas de la question. Autre mesure évoquée: la mise en place de portiques de détection d'armes à l'entrée des établissements.
Ces réflexions visant à réduire la violence par armes blanches chez les mineurs ne sont pas propres à l'Hexagone. Bien au contraire, elles ont déjà été menées par notre voisin britannique qui a connu une hausse de 80% des attaques au couteau entre 2015 et 2024.
Interdiction de certaines armes, contrôle renforcé des ventes...
Après une attaque au couteau à Southport par un adolescent de 17 ans en juillet 2024 qui a coûté la vie à trois jeunes filles, le gouvernement britannique a décidé d'accélérer sa lutte. Le Premier ministre britannique Keir Starmer a fixé pour objectif de réduire de moitié les attaques à l'arme blanche dans les dix ans à venir.
Dès septembre, une loi est venue renforcer une mesure prise en 2016 sous Theresa May qui interdisait les "couteaux zombies", des armes à double tranchant et à la lame incurvée. Désormais, "toute arme blanche de plus de 20 centimètres de long avec un côté tranchant et une extrémité pointue" est interdite au Royaume-Uni. Le gouvernement britannique a également annoncé fin mar l’interdiction de la vente et de la possession de sabres de type katana à partir du 1er août.
Le contrôle des ventes de couteaux aux mineurs est renforcé. Un projet de loi prévoit de hisser la peine de prison maximale pour une telle vente à deux ans, au lieu de 6 mois. Mais c'est surtout à la vente en ligne que les Britanniques se sont attaqués. Les détaillants en ligne doivent désormais renforcer leurs contrôles auprès des mineurs et sont tenus de signaler à la police tout achat de couteaux suspect ou en grande quantité.
Le gouvernement britannique a aussi ciblé les contenus en ligne faisant "la publicité de couteaux mortels et illégaux et d'autres armes offensives auprès des jeunes, ou qui glorifient ou incitent à la violence". Jusqu'à 70.000 livres sterling d'amende pourront être imposées aux plateformes "pour chaque publication relative à des crimes au couteau qu'ils ne suppriment pas".
Enfin, un projet de loi prévoit "l'introduction d'une nouvelle infraction pour possession d'arme avec intention de violence" qui serait passible d'une peine maximale de quatre ans d'emprisonnement.
Dans les écoles, il est autorisé au Royaume-Uni de faire passer les élèves au détecteur de métaux. Le personnel scolaire a aussi le droit de fouiller les élèves s'il suspecte la détention d'un objet interdit.
Des attaques au couteau qui perdurent
Il est encore trop tôt pour savoir si ces mesures mises en place au Royaume-Uni, pour la plupart récemment, sont effectives.
Concernant l'ensemble de la population, les infractions au couteau continuent d'augmenter depuis 2020: environ 50.500 infractions impliquant un instrument tranchant ont été recensées en Angleterre et au Pays de Galles entre mars 2023 et mars 2024, soit 4,4% de plus que l'année précédente.
En revanche, "les statistiques montrent" que la criminalité au couteau chez les jeunes "est en baisse depuis 2019" selon le président du Youth Justice Board, un organisme public non ministériel chargé de superviser le système de justice pour les jeunes en Angleterre et au Pays de Galles.
D'après cet organisme, les infractions au couteau commises par des enfants ont baissé de 6% entre mars 2023 et mars 2024 au Royaume-Uni. S'il s'agit de la sixième année de baisse consécutive, ces infractions restent 20% plus nombreuses qu'il y a dix ans. Dix adolescents ont péri dans des attaques au couteau l'année dernière à Londres, selon la police et dix-huit en 2023.
"Il existe très peu de preuves que les amnisties liées aux armes, la multiplication des contrôles et fouilles ou les peines obligatoires aient un impact durable sur la criminalité au couteau dans les communautés", constate le président du Youth Justice Board, Keith Fraser.
"Les initiatives efficaces sont la formation aux compétences sociales, le mentorat et un accompagnement personnalisé en matière d'éducation, de logement et d'emploi", ajoute-t-il.
Depuis le début de l'année, la liste des drames a continué de s'allonger. Début février, un garçons de 15 ans, Harvey Willgoose, est mort après avoir été poignardé dans une école de Sheffield en Angleterre par un autre adolescent, rapporte la BBC. Début mars, un écolier de 15 ans, Amen Teklay, est mort après une attaque au couteau dans les rues de Glasgow en Écosse. Un garçon de 16 ans a été inculpé.
Ce dimanche 8 juin, trois adolescents ont également été arrêtés, soupçonnés de tentative de meurtre sur un garçon de 15 ans. Ce dernier a été attaqué au couteau et blessé dans un parc national, à Sunderland en Angleterre vendredi 6 juin.