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Royaume-Uni

A 91 ans, il avoue un meurtre datant de 1946

Le "Nouveau Scotland Yard". (illustration)

Le "Nouveau Scotland Yard". (illustration) - AFP

C'était depuis bientôt 70 ans un crime non élucidé. Mais le meurtrier, tombé malade et voulant se mettre en paix avec sa conscience, un nonagénaire britannique qui avait émigré au Canada dans les années 50, a fini par passé aux aveux. C'est lui qui avait tué cette femme dans le quartier de Soho à Londres, à la sortie du Blue Lagoon.

C'est ce qui s'appelle un "cold case" ou une "affaire classée". Mais ce cas, sur lequel le quotidien britannique The Sun a enquêté, est spécial. Il aura gagné la palme, si l'on peut dire, du crime le plus tardivement élucidé par Scotland Yard, soit 69 ans après les faits. En réalité, sa résolution doit tout au repentir du meurtrier, maintenant âgé de 91 ans. Ce Britannique avait émigré en 1951 dans l'Ontario, au Canada, où il avait mené une vie "de bon père de famille" avant que, il y a deux ans soudainement, il décide de soulager sa conscience.

Rattrapé par la culpabilité et par un cancer de la peau, le nonagénaire dont le journal tait le nom aura finalement poussé la porte du commissariat local pour avouer son crime. Il a expliqué avoir assassiné une femme d'une balle dans la poitrine, le 10 novembre 1946. Devant deux officiers de police dépêchés par Scotland Yard au Canada, il reconnaîtra ensuite formellement le visage d'une jeune femme parmi douze portraits en noir et blanc.

La victime, dont le meurtrier ignorait le nom, s'appelait Margaret Cook. Elle avait 26 ans et était "danseuse exotique" au Blue Lagoon, ce qui est une manière plus policée de dire qu'elle exerçait le métier de prostituée. Démobilisé après la guerre, le meurtrier a expliqué l'avoir tué parce que la jeune femme l'avait escroqué. Il l'a abattu à la sortie du night-club londonien de Carnaby Street avec un pistolet russe.

Ni la pègre, ni un "serial killer"

Personne à l'époque n'avait soupçonné ce jeune homme de 22 ans. Après avoir épluché les archives de l'époque, The Sun a retracé certaines des pistes suivies par les enquêteurs ou évoquées dans la presse. Les soupçons se portèrent ainsi volontiers sur un homme tatoué qui avait eu une altercation avec la victime quelques jours avant la mort de cette dernière, ou encore sur les frères Messina, barons de la pègre dans ce quartier de Soho. Aurait-elle voulu échapper à leur "protection"? Cette histoire aurait pu constituer un mobile valable. La possibilité d'un tueur en série, deux autres meurtres de femmes ayant eu lieu dans le périmètre l'année suivante, avait même été évoquée.

Le Royaume-Uni demande maintenant l'extradition du vieil homme. "La justice canadienne fait face à un dilemme, rapporte encore The Sun. Doit-elle approuver l'extradition d'un homme de 91 ans, alors que, circonstance atténuante, personne n'aurait jamais rien su de son crime s'il ne l'avait lui-même confessé ?"

D. N.