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Européen convaincu, multimillionnaire... Qui est Friedrich Merz, le nouveau chancelier allemand?

Friedrich Merz, en conférence de presse à Berlin, en Allemagne, le 3 mars 2025

Friedrich Merz, en conférence de presse à Berlin, en Allemagne, le 3 mars 2025 - RALF HIRSCHBERGER / AFP

Le conservateur Friedrich Merz a été investi ce mardi 6 mai par le Bundestag allemand comme nouveau chancellier pour succéder à Olaf Scholz.

Le conservateur Friedrich Merz est le nouveau chancelier allemand. Il a été élu, ce mardi 6 mai, au deuxième tour, par les députés allemands du Bundestag. Quelques heures plus tôt, il avait pourtant échoué à se faire élire au premier tour de scrutin, signe de l'immense pression à laquelle est confronté celui qui s'apprête à diriger un pays fragilisé par les crises.

Un tel échec pour un candidat chancelier était sans précédent dans l'histoire politique d'après-guerre de l'Allemagne, illustrant la fragilité du dirigeant démocrate-chrétien.

Dans un scénario totalement inattendu, l'élu de 69 ans n'avait pas obtenu la majorité requise de 316 voix - il n'en a recueilli que 310 - au premier tour de scrutin de la part des 630 élus Bundestag, la chambre basse du Parlement.

Arrivé en tête des législatives fin février, Friedrich Merz, qui a d'ores et déjà scellé une alliance avec le parti de centre-gauche SPD, a finalement été élu à la majorité absolue à sa deuxième tentative, avec 325 voix sur un total de 630 députés.

"Anti-Merkel"

Né le 11 novembre 1955, Friedrich Merz a fait ses débuts en politique dans les années 1980 en se faisant élire député européen, puis membre du Bundestag allemand. Après y avoir exercé une courte présidence du bloc conservateur CDU/CSU, il se fait évincer par Angela Merkel en 2002.

L'étiquette "anti-Merkel" lui collera toujours à la peau, tant son échec à se hisser au sommet de la politique allemande sera attribué à celle qui fut chancelière de 2005 à sa démission en 2021.

Multimillionnaire et novice

Friedrich Merz se détourne alors de la politique pour se consacrer à son métier d'avocat d'affaires et occupe des postes à responsabilité dans les entreprises comme la HSBC allemande, le contructeur de matériel féroviaire suisse Stadler ou le géant des fonds d'investissement BlackRock.

Multimillionnaire et libéral convaincu, il assure alors n'être pas "riche", mais appartenir à la "classe moyenne supérieure", expliquait-il au quotidien Bild en 2018. Ce qui lui vaut depuis notamment des critiques de la gauche.

Malgré une très longue carrière politique, Friedrich Merz n'a jamais gouverné, ni comme ministre, ni même comme maire. Il serait donc le premier novice parmi les chanceliers allemands.

Européen convaincu

Ancien eurodéputé, Friedrich Merz n'a eu de cesse durant toute sa carrière politique de défendre l'Europe et les relations franco-allemandes. C'est d'ailleurs en France qu'il devait faire sa première visite officielle, mercredi 7 mai. Car les relations entre Paris et Berlin ont été notoirement fraîches ces dernières années.

Emmanuel Macron et Olaf Scholz affichaient des tempéraments opposés, omniprésent pour l'un, taiseux pour l'autre. Et Paris ne dissimulait guère son impatience d'ouvrir une nouvelle page au sein d'un couple franco-allemand historiquement essentiel pour l'Union européenne.

Au journal Le Monde, il expliquait qu'il consacrerait "60 à 70 % de son temps aux questions européennes" durant sa première année à la chancellerie. "L'Union Européenne nous attend", écrivait-il encore sur X lundi 5 mai.

Flirt avec l'AfD

L'avocat de formation a en outre flirté avec le parti d'extrpeme droite AfD en votant avec lui une résolution sur la migration au Bundestag en janvier dernier. Cette manoeuvre inédite depuis l'après-guerre, qui lui a coûté des voix aux élections, avaient provoqué de grandes manifestations de protestation dans le pays. Il a depuis dit exclure toute coopération malgré les exhortations de Trump et de ses proches.

Mais il n'a pas hésité par le passé à user d'une rhétorique similaire sur les migrants, traitant de "petits pachas" des jeunes casseurs présumés et dénonçant un "tourisme social" en Allemagne des réfugiés ukrainiens fuyant les bombes russes.

Friedrich Merz avait promis un net virage à droite, avec notamment un durcissement des règles migratoires. Dès son élection à la tête de la CDU en 2022, il avait annoncé un renversement complet de la généreuse politique d'accueil héritée d'Angela Merkel (2005-2021).

Celui qui a promis de "redonner sa fierté" à l'Allemagne devra aussi trouver la parade pour résoudre la crise profonde du modèle industriel traversée par le pays.

Lucie Valais avec AFP