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Allemagne

Berlin: les derniers éléments de l'enquête sur l'attentat du marché de Noël

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Daesh a revendiqué l'attaque au camion sur le marché de Noël de Berlin, au lendemain de l'attentat. La police allemande a acquis la conviction que le chauffeur du camion au moment de l'attaque est encore en fuite, alors que le suspect pakistanais interpellé lundi a été remis en liberté ce mardi soir.

L'Allemagne a été frappée lundi soir par un attentat. C'était la principale certitude des autorités au lendemain de l'attaque qui a visé un marché de Noël situé dans la partie ouest de la capitale, et qui a été revendiquée ce mardi soir par Daesh, par le biais de son agence de propagande Amaq. Un camion a foncé sur la foule, en pleine période de fête, dans un mode opératoire qui rappelle celui de l'attentat de Nice, le 14 juillet.

Dans les heures qui ont suivi les faits, l'enquête a semblé s'accélérer, avec l'interpellation lundi soir d'un ressortissant pakistanais demandeur d’asile, âgé de 23 ans et arrivé en Allemagne le 31 décembre 2015. Mais ce mardi, les interrogations autour de cet individu se sont multipliées, comme l'ont annoncé les autorités, au cours de plusieurs conférences de presse. En fin de journée, le suspect a été remis en liberté.

> Il s’agit d’un attentat terroriste

La chancelière allemande, Angela Merkel, a confirmé mardi matin qu’il s’agissait bien d’une "attaque terroriste". Le ministère de l’Intérieur avait évoqué avant elle un "attentat" pour qualifier la course folle du camion. La police berlinoise a annoncé mardi que le conducteur du poids lourd avait "délibérément" foncé sur la foule.

Mardi en début de soirée, Daesh a revendiqué l'attentat par l'intermédiaire d'Amaq, son organe de propagande. "Un soldat de l'EI (l'Etat islamique, Ndlr) a commis l'opération de Berlin en réponse aux appels à cibler les ressortissants des pays de la coalition internationale" de lutte contre Daesh, indique le communiqué d'Amaq. 

> Sept victimes ont été identifiées

Ce mardi, le bilan provisoire de l'attaque fait état de 12 morts et de 48 blessés. Parmi les victimes se trouve un homme polonais retrouvé mort dans la cabine du camion, et qui est le véritable conducteur du véhicule. Sur les douze victimes, sept ont été identifiées, précise le quotidien allemand Frankfurter Allgemeine

> Le véritable chauffeur du camion retrouvé mort

D'après le transporteur pour lequel travaillait le conducteur polonais du camion, ce dernier a été retrouvé avec des traces de coups sur le corps. Agé de 37 ans, la victime était mariée et père d'un fils de 17 ans. Il mesurait 1 mètre 83 pour 120 kilos, comme l'a précisé son patron et cousin aux médias polonais. "Une seule personne n'aurait pas eu raison de lui", a-t-il estimé. D'après lui, qui a dû examiner la photo pour l'identifier formellement, la victime présentait une blessure par arme blanche, et une par balle, comme l'a déclaré la police. 

Le chauffeur, sur la route depuis une semaine et demie, était arrivé à Berlin d'Italie en transportant 24 tonnes d'éléments en acier. Il aurait dû normalement les décharger tout de suite comme prévu, mais la société destinataire a remis l'opération au lendemain. Lundi, le conducteur a parlé par téléphone avec sa femme, vers 15 heures. A 16 heures, il ne répondait plus. 

> Le suspect interpellé a été remis en liberté

Lundi soir, un ressortissant pakistanais, demandeur d'asile et âgé de 23 ans, a été arrêté, présenté comme le principal suspect dans l'enquête sur cet attentat. Mais ce mardi, rebondissement majeur, les médias allemands ont indiqué que ce suspect n'était pas considéré de manière certaine comme le responsable de l'attaque. Quelques heures après, la police a confirmé ces doutes, se disant "pas certaine" qu'il s'agisse du responsable.

Comme le rapporte le Frankfurter Allgemeinele directeur de la police berlinoise, Klaus Kandt a indiqué qu'un téléphone portable avait été saisi lors d'une perquisition survenue dans le foyer de réfugiés du Pakistanais interpellé. Une analyse de l'appareil est en cours. Cet homme n'a fait l'objet d'aucun mandat d'arrêt et a nié les faits qui lui étaient reprochés. 

En fin de journée, le parquet fédéral allemand a indiqué que le suspect avait été remis en liberté. "Les résultats de l'enquête n'ont à l'heure actuelle pas mis au jour d'éléments confirmant des soupçons concrets" à son encontre, a indiqué le parquet dans un communiqué.

> Le coupable est en fuite

Du fait de cette information, la police a aussi précisé que l'auteur des faits était "dans la nature", en fuite et armé. "Nous avons probablement un dangereux criminel dans la nature et bien sûr cela inquiète la population", a déclaré le chef de la police berlinoise, Klaus Kandt, lors d'une conférence de presse. Des analyses sont en cours pour déterminer si l'ADN du demandeur d'asile pakistanais présenté d'abord comme le suspect correspond à des "traces" retrouvées dans le camion.

D'après le Spiegel, alors que le chauffeur retrouvé mort dans la cabine portait des traces de coups et a été tué par balles, le suspect interpellé ne présentait aucune trace de lutte ni de poudre sur lui, lors des examens dont il a fait l'objet. 

> Incertitude sur le nombre de personnes impliquées

Durant l'une des conférences de presse données ce mardi, la police a dit ne pas savoir s'il y avait un ou plusieurs responsables derrière cet attentat. Mais d'après le procureur général, comme le précise le Frankfurter Allgemeine, si l'on se place du point de vue logistique, il pourrait n'y avoir qu'un auteur, car l'attaque n'était pas en soi compliquée à exécuter. 

> L'étrange activité du camion avant l'attaque

Le semi-remorque qui a servi à l'attaque était équipé d'un GPS. Le patron de la société de transport a raconté qu'à 15 heures 45 lundi, le jour de l'attentat, le camion avait été mis en marche, mais n'est pas parti. Il a fait quelques va-et-vient "comme si quelqu'un apprenait à le conduire". Le semi-remorque était muni d'une boîte automatique, il était facile à conduire.

Le véhicule a quitté son stationnement vers 19 heures 40, faisant un parcours de dix kilomètres environ jusqu'au marché de Noël. "Peut-être quelqu'un pilotait le conducteur", pense le transporteur, car "il n'est pas facile de faire un tel parcours dans Berlin" sans se perdre. 

> Une enquête ouverte en Pologne sur la mort du chauffeur

Le parquet national polonais a ouvert une enquête sur "le meurtre d'un citoyen polonais dans le but d'appropriation d'un semi-remorque et de son utilisation pour attaquer un groupe de personnes sur un marché de Noël à Berlin", délit pour lequel la peine maximale est la prison à vie.

Charlie Vandekerkhove