Allemagne: Scholz "n'accepte pas" que les États-Unis "interviennent" en faveur de l'extrême droite avant les législatives

Le chancelier allemand Olaf Scholz le 29 janvier 2025. - Tobias Schwarz / AFP
Les Allemands "n'accepteront pas que des tiers interviennent en faveur" du parti d'extrême droite Alternative für Deutschland (AfD) à une semaine des élections législatives dans le pays prévues le 23 février, a déclaré le chancelier Olaf Scholz samedi à Munich après les propos la veille du vice-président américain JD Vance.
Au détour d'un discours à charge contre les Européens, JD Vance a fustigé vendredi une liberté d'expression "en retrait" sur le Vieux continent et le consensus autour d'un "cordon sanitaire" empêchant l'extrême droite d'accéder au pouvoir en Allemagne. Ce qui revenait à dire aux millions d'électeurs du parti que leur avis "ne méritent même pas d'être pris en considération" selon lui.
"La direction que prendra notre démocratie, nous seuls en décidons. Nous et personne d'autre", a dit Olaf Scholz, déplorant l'intervention du numéro 2 de Donald Trump. "Cela ne se fait pas et surtout pas entre amis et alliés", a assené le chancelier.
Le candidat conservateur Friedrich Merz, favori des sondages, a réaffirmé dimanche dernier que son parti chrétien-démocrate (CDU) ne nouerait jamais d'alliance avec l'AfD. Les deux formations ont pourtant amorcé un premier rapprochement récemment au Parlement autour de textes pour limiter l'immigration, brisant un tabou politique en Allemagne dans l'histoire d'après-guerre.
JD Vance a rencontré la candidate de l'AfD
Cet appel a été vécu à Berlin comme une nouvelle ingérence de l'administration Trump dans la campagne électorale, après les soutiens répétés apportés par le milliardaire Elon Musk à l'AfD.
Vendredi, le chancelier allemand Olaf Scholz avait déjà "rejeté expressément" les propos de JD Vance dans un message posté sur X. "De l'expérience du national-socialisme, les partis démocratiques en Allemagne ont tiré un consensus commun : c'est le mur pare-feu contre les partis d'extrême droite", a-t-il rappelé.
Cela n'a pas dissuadé JD Vance d'ensuite rencontrer dans un hôtel de Munich la candidate de l'AfD Alice Weidel, comme l'a confirmé un responsable de son équipe à l'AFP, précisant qu'il avait également vu Friedrich Merz et Olaf Scholz (SPD).
Les derniers sondages prédisent une forte progression de l'AfD aux législatives, à plus de 2%, contre un peu plus de 10% en 2021, derrière l'opposition conservatrice créditée de 31%.
Contre un "découplage" UE/États-Unis sur la sécurité
Malgré cet incident et même s'il a souligné le "besoin d'une industrie européenne de l'armement forte", le chancelier allemand a assuré samedi que son pays "continuera à acheter" des matériels militaires américains.
"Nous ne renonçons pas à l'imbrication transatlantique de nos industries de défense", a-t-il jugé lors de la Conférence sur la sécurité de Munich.
Le chef du gouvernement allemand s'est également prononcé contre un "découplage de la sécurité européenne et américaine", alors que l'administration Trump entretient le doute sur l'implication des États-Unis dans la sécurité de l'Europe.
Il a ainsi convenu qu'il y avait un besoin "indiscutable" de "continuer à augmenter de manière significative" les dépenses de défense, au-delà des 2% du PIB qu'y consacre actuellement Berlin.
"La paix n'existe" que "si la souveraineté de l'Ukraine est assurée", a-t-il enfin déclaré sur ce dossier brûlant. Pour lui, l'Allemagne n'apportera "jamais" son soutien à une "paix imposée" à Kiev. De son côté, le vice-président américain a promis souhaiter une paix durable, qui n'apportera pas "un conflit en Europe de l'Est dans quelques années."