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Etats-Unis : des "super mauvaises herbes" dans les champs d'OGM

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Les agriculteurs américains font face à la prolifération de mauvaises herbes résistantes aux herbicides. Selon certains chercheurs, les OGM sont en cause.

Des mauvaises herbes tenaces, résistantes aux herbicides, voici les "superweeds". Les agriculteurs américains voient l'apparition de "super mauvaises herbes" dans leurs champs, des herbes résistantes aux herbicides. Pour certains chercheurs et militants, les OGM seraient à l'origine de ce phénomène. Selon une étude publiée en septembre dans le magazine Science, "les États-Unis se dirigent vers une crise" car "dans certaines régions du pays les mauvaises herbes résistantes à l'herbicide le plus populaire au monde, le glyphosate, poussent maintenant dans la grande majorité des champs de soja, coton, et maïs".

Dans sa dernière étude sur le sujet publiée il y a près d'un an, le cabinet d'étude Stratus concluait que la moitié des agriculteurs déclaraient avoir trouvé des "mauvaises herbes résistant au glyphosate dans leur exploitation", soit un bond de 34% sur un an. Le glyphosate est le nom chimique du désherbant le plus utilisé aux États-Unis, créé par le groupe américain Monsanto dans les années 1970 et aujourd'hui commercialisé sous le nom de Roundup chez lui, Durango chez son concurrent Dow Chemical.

"Des doses plus lourdes d'herbicides"

Un porte-parole de Monsanto, groupe qui a lancé les premières semences génétiquement modifiées pour tolérer le glyphosate en 1996, fait valoir que "les herbes résistantes aux désherbants datent de bien avant les OGM". Bill Freese, du Center for Food Safety, une ONG anti-OGM, souligne toutefois que, si "le problème de la résistance précédait le lancement des graines transgéniques, il s'est fortement accéléré" avec leur utilisation.

Un avis partagé par des scientifiques comme Margaret Smith, de l'université de Cornell, ou Charles Benbrook, du Centre pour les ressources naturelles et renouvelables de l'Université de Washington State. Selon eux, "des doses plus lourdes d'herbicides utilisées dans les champs depuis" le lancement de graines tolérant les herbicides "ont provoqué la résistance de mauvaises herbes au glyphosate".

Un véritable cercle vicieux

L'USDA (le département américain à l'agriculture) souligne, ce que confirment les chercheurs, que ce ne sont pas les OGM en eux-mêmes qui sont à l'origine des "super mauvaises herbes" mais "les tactiques choisies par les agriculteurs" qui ont massivement adopté le système OGM + glyphosate commercialisé par Monsanto et ses concurrents. "Les agriculteurs se sont trop reposés sur les herbicides au glyphosate en association avec les OGM", note une étude co-écrite par David Mortensen et publiée par la revue BioSciences il y a deux ans.

Un porte-parole du géant agrochimique Dow va dans le même sens et parle d'une "sur-utilisation du glyphosate parce que les cultivateurs ne voyaient pas de meilleure alternative". Charles Benbrook du Centre pour les ressources naturelles et renouvelables de l'Université de Washington State, décrit un véritable cercle vicieux, les "superweeds" incitant les agriculteurs à augmenter les applications de désherbants "de l'ordre de 25% par an".

L'USDA a ainsi annoncé vendredi dernier qu'il allait étudier, à la demande de Dow, la mise sur le marché d'OGM conçus pour tolérer plusieurs désherbants à la fois, dont le 2,4-D, contesté car plusieurs études scientifiques lui attribuent notamment un effet cancérigène ou des cas de maladie de Charcot, une maladie neurodégénérative mortelle.

La rédaction