BFMTV
International

Est de l'Ukraine: élections sous tension dans les territoires rebelles

Dans un bureau de vote, à Donetsk, le 31 octobre 2014.

Dans un bureau de vote, à Donetsk, le 31 octobre 2014. - Dimitar Dilkoff - AFP

Les régions rebelles de l'Est de l'Ukraine se rendent aux urnes, ce dimanche, à l'appel des séparatistes pro-russes, pour élire leur Parlement et leur président.

Un vote sous haute tension. Les territoires séparatistes pro-russes élisent ce dimanche leur Parlement et leur président lors de scrutins soutenus par Moscou mais dénoncés par Kiev et les Occidentaux. Des votes qui risquent de compliquer un peu plus le processus de paix dans l'Est de l'Ukraine, après six mois de conflit.

Scrutin sans grande surprise

"Les élections permettront de constituer un gouvernement légitime", a déclaré le "Premier ministre" de la "République populaire de Donetsk", Alexandre Zakhartchenko, dont la victoire ne fait guère de doute. De même à Lougansk, autre place-forte des séparatistes et siège de la "République populaire de Lougansk", le "président" Igor Plotnitski devrait être confirmé dans ses fonctions.

Ces deux régions rebelles du Donbass, bassin minier de l'Est de l'Ukraine, ont unilatéralement proclamé leur indépendance en avril dernier, ce qui a provoqué un conflit meurtrier avec les forces ukrainiennes qui accusent la Russie d'envoyer des armes et des hommes pour aider les séparatistes.

La campagne électorale a été réduite au minimum à Donetsk -quelques affiches du candidat Zakhartchenko dans les rues- et a semblé totalement absente dans les autres villes. Tous les candidats ont défendu la même ligne: indépendance vis-à-vis de l'Ukraine et rapprochement avec la Russie.

Aucun observateur international

Le nombre de votants est, lui, incertain: sur les quelque cinq millions d'électeurs inscrits sur les listes électorales ukrainiennes avant le conflit, nombreux sont ceux qui ont quitté la région en raison des combats.

Les autorités séparatistes à Donetsk ont annoncé la possibilité de voter par Internet, le droit de vote à partir de 16 ans et la possibilité de participer au scrutin pour les volontaires étrangers -de nombreux Russes et quelques Européens- venus combattre aux côtés des rebelles. Aucun observateur d'organisations internationales n'est attendu. Seuls quelques députés russes ont annoncé qu'ils viendraient observer la tenue des élections.

Processus de paix au point mort

Six mois de combats entre rebelles et forces ukrainiennes ont fait plus de 3.700 morts et provoqué d'importantes destructions. Les affrontements se poursuivent sporadiquement en plusieurs endroits mais ont nettement diminué d'intensité depuis le cessez-le-feu signé le 5 septembre à Minsk sous les auspices de l'OSCE, dans le cadre d'un accord destiné à ouvrir un processus de paix.

Alors que ce processus semble actuellement au point mort, la tenue des élections dans les territoires séparatistes est devenue un point de friction majeur entre Kiev et les Occidentaux d'une part et Moscou et les rebelles d'autre part.

Moscou reconnaîtra les résultats, Washington

Le président ukrainien Petro Porochenko a dénoncé "les pseudo-élections que les terroristes et les bandits veulent organiser sur les territoires occupés". Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, à l'instar de Bruxelles, a estimé que le scrutin allait "sérieusement ébranler les accords de Minsk" et le secrétaire d'Etat américain John Kerry s'est dit "inquiet" et a martelé que Washington ne reconnaîtrait pas les résultats. 

A rebours des déclarations des Occidentaux, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a prévenu que Moscou reconnaîtrait les résultats des élections. "Nous espérons que ces élections se tiendront comme prévu, et nous reconnaîtrons bien entendu leurs résultats", a-t-il déclaré. Le conflit en Ukraine, précédé par l'annexion de la Crimée par Moscou, a provoqué la pire crise entre la Russie et les Occidentaux depuis la fin de la guerre froide.

A.S. avec AFP