Enlèvements en Afghanistan à la veille des élections

Policier afghan dans une rue de Kaboul. Une vague d'enlèvements, dont ceux de deux candidats, a illustré vendredi le climat d'insécurité dans lequel risquent de se dérouler samedi les élections législatives en Afghanistan. /Photo prise le 17 septembre 201 - -
par Tim Gaynor
KABOUL (Reuters) - Une vague d'enlèvements, dont ceux de deux candidats, a illustré vendredi le climat d'insécurité dans lequel risquent de se dérouler samedi les élections législatives en Afghanistan.
Une vingtaine de personnes ont été kidnappées en plusieurs points du pays, a-t-on appris à la veille d'un scrutin que les taliban ont menacé de perturber.
L'un des deux candidats enlevés l'a été dans la province de Laghman, dans l'est du pays, a déclaré Noor Mohammad Noor, porte-parole de la commission électorale indépendante (IEC). Cet enlèvement a été revendiqué par les taliban.
Qari Safiullah, candidat dans la province de Herat dans l'ouest du pays, a pour sa part disparu depuis trois jours en compagnie de trois agents électoraux, a dit sa famille à Reuters.
Huit membres de la commission électorale indépendante et dix agents électoraux ont aussi été enlevés dans la province de Badghis, dans le nord-ouest de l'Afghanistan, a précisé Noor Mohammad Noor.
Une mosquée censée servir de bureau de vote a été touchée par une roquette à Logar, au sud de Kaboul, ont dit des responsables de l'IEC.
Les taliban ont menacé de perturber les élections législatives en lançant des attaques le jour du vote. Ils ont incité les électeurs à rester chez eux.
PARTICIPATION
Au moins 1.019 bureaux de vote sur un total de 6.835 resteront fermés samedi en raison de craintes pour la sécurité des électeurs.
Près de 300.000 militaires et policiers afghans, appuyés par près de 150.000 militaires étrangers, doivent garantir le bon déroulement du scrutin.
Dans la province de Kunduz, dans le nord du pays, les forces afghanes et de l'Otan ont tué un chef taliban qui préparait des attaques pour samedi, ont-elles annoncé.
Dans la province de Kandahar, dans le sud du pays, berceau des taliban, les forces de la coalition entre Occidentaux et Afghans ont tué trois taliban.
Les rues de Kaboul étaient en revanche relativement calmes vendredi. Les forces de sécurité ont érigé de nombreux barrages pour fouiller les véhicules circulant dans la capitale afghane.
Ces élections seront suivies avec attention par le président américain Barack Obama, qui doit procéder en décembre à un réexamen de la stratégie américaine en Afghanistan.
Barack Obama devrait notamment commencer à réfléchir au rythme et à l'ampleur du retrait des forces américaines du pays.
Ce scrutin législatif constitue également un test pour le président afghan Hamid Karzaï, dont la réélection en 2009 a été entachée de "fraudes massives", selon les termes de Staffan de Mistura, représentant spécial des Nations unies pour l'Afghanistan.
Depuis sa réélection, Hamid Karzaï s'est engagé à lutter contre la corruption, considérée par les pays occidentaux comme l'un des principaux freins à leur désengagement.
"Nous devons essayer de faire du mieux possible dans les circonstances actuelles. Il est très important que le peuple afghan vienne s'exprimer", a dit Hamid Karzaï à la presse.
La principale crainte des observateurs pour le scrutin de samedi est d'assister à une faible participation, comme en 2009, en raison des menaces des taliban.
Bertrand Boucey pour le service français, édité par Gilles Trequesser