En Turquie, joie et angoisse après la victoire du parti d'Erdogan

Des partisans de l'AKP célèbrent la victoire devant le siège du parti au pouvoir à Ankara le 1er novembre 2015 - ADEM ALTAN, AFP
La colère d'un côté, la liesse de l'autre. Le désarroi et l'espoir. La large victoire -inattendue- du parti du président turc Recep Tayyip Erdogan aux législatives a été accueillie dimanche par un mélange de sentiments extrêmes.
"Je suis horrifiée". Dans le très chic quartier stambouliote de Nisantasi, Güner Soganci, 26 ans, a encore du mal à digérer le succès du Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur), qui a regagné la majorité absolue perdue il y seulement cinq mois au Parlement.
"Je ne veux plus continuer à vivre dans ce pays parce que je ne sais pas ce qui nous y attend", soupire la jeune serveuse. "Nous avons raté une occasion unique de mettre un terme à la dictature d'Erdogan".
"Honte à tous ceux qui ont voté pour un parti qui a semé le désordre dans notre pays", renchérit Alphan Ozbalta, un publicitaire de 32 ans, attablé dans le même restaurant.

Pour Meryem Bahar, la surprise est telle qu'elle refuse encore d'y croire. "Ils ont dû tricher parce qu'il y a une différence énorme entre ce que prévoyaient les sondages et les résultats", suppute la banquière en tirant sur sa cigarette. "Je m'attends au pire..."
A Diyarbakir, au coeur du sud-est à majorité kurde du pays, ce dépit a brièvement laissé la place à la violence lorsque le Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde) a semblé ne pas atteindre les 10% nécessaires à son maintien au Parlement.
Des dizaines de jeunes, proches de la rébellion du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), ont érigé des barricades devant le siège local du HDP et tiré des coups de feu en l'air. Les forces de l'ordre ont riposté promptement avec des canons à eau et des gaz lacrymogènes et dispersé les protestataires.
Le calme est rapidement revenu.

