Émeute dans une prison en Équateur: une "boucherie", au moins 43 morts et 200 prisonniers évadés repris

Des prisonniers de la prison de Bellavista, dans la province de Santo Domingo de los Tsachilas, entourés de gardiens, le 9 mai 2022. - ECUADOREAN INTERIOR MINISTRY
Que se passe-t-il en Équateur? Lundi, plus d'une centaine de détenus ont pu s'évader à la faveur des violences qui ont éclaté entre gangs rivaux dans la prison de Bellavista, dans la province de Santo Domingo de los Tsachilas, située à environ 80 km à l'ouest de Quito, la capitale équatorienne.
Ces dernières ont fait au moins 44 prisonniers morts. Sur place, des blessés portant des plaies au visage étaient pris en charge par des ambulances. Des proches des détenus se pressaient autour du centre pénitentiaire pour tenter d'obtenir des informations, a constaté l'Agence France-Presse (AFP).
Ces violences sont le fruit de rivalités entre deux bandes. Selon le ministre de l'Intérieur, Patricio Carrillo, des membres du gang "Los Lobos" ("Les Loups") ont "attaqué" à l'arme blanche les membres de la faction rivale des "R7" au petit matin, provoquant le déclenchement des "protocoles de sécurité" pour contenir les "troubles à l'ordre" dans la prison.
"C'est le résultat regrettable de la violence des gangs", a déploré sur Twitter le président Guillermo Lasso, en tournée en Israël a ce moment-là.
Plus de 200 détenus évadés puis "recapturés"
Ces rivalités ont entraîné des évasions. Ainsi au total, 220 prisonniers ont profité des violences pour s'échapper, selon les déclarations de la police. Déjà lundi soir les autorités faisaient état de 112 détenus "recapturés" et de 108 autres toujours dans la nature.
Mais selon un dernier décompte, "jusqu'à présent, 200 prisonniers ont été recapturés" par les forces de sécurité, grâce aux patrouilles et aux points de contrôle de la police et de l'armée, a déclaré à la presse le chef des opérations de la police, le général Geovany Ponce. Ils étaient quelque 250 policiers et 200 militaires à avoir participé aux recherches.
Pour tenter d'endiguer la violence, six leaders de ces gangs ont depuis été transférés par hélicoptère de Bellavista vers deux prisons de haute sécurité ailleurs dans le pays.
En effet, d'une capacité de 1200 places, la prison de Bellavista accueille pas moins de 1700 prisonniers, et est à l'image de la surpopulation carcérale dans toutes les prisons d'Équateur.
400 morts dans les geôles équatoriennes depuis février 2021
Les affrontements, souvent d'une extrême violence, sont récurrents dans les prisons du pays, où près de 400 détenus ont trouvé la mort depuis février 2021, en incluant ces derniers affrontements.
Selon le gouvernement, des gangs rivaux de trafiquants de drogue, infiltrés ou contrôlés par des cartels mexicains, se livrent une guerre sans merci pour prendre le contrôle des prisons surpeuplées, guerre que les autorités ont été jusqu'à présent impuissantes à endiguer.
Sur Twitter, le ministre de l'Intérieur a appelé à revoir "les mécanismes de cumul des sanctions et de refus d'avantages aux personnes impliquées, et de les soumettre à un régime disciplinaire plus exigeant".
Bordé par la Colombie et le Pérou, les plus grands producteurs de cocaïne au monde, l'Équateur sert de port de départ pour les expéditions illicites, principalement vers les États-Unis et l'Europe.