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Eglise: un synode aux airs de séisme

Le pape François participe à un synode extraordinaire, le 6 octobre, au Vatican.

Le pape François participe à un synode extraordinaire, le 6 octobre, au Vatican. - Osservatore Romano - AFP

Les premiers travaux issus du synode des évêques sur la famille, qui se tient au Vatican, divisent profondément l'Eglise catholique.

L'effet d'une bombe. S'il est indéniablement en train de prendre une tournure historique, le synode des évêques sur la famille, qui se tient au Vatican et a notamment reconnu des "valeurs positives" au mariage civil et ouvert la voie à une évolution sur la question des unions homosexuelles, ne va pas sans créer des remous au sein de l'Eglise catholique. Des voix s'élèvent en effet pour exprimer leur désaccord face à ce qui est d'ores et déjà considéré comme un "séisme pastoral" par les observateurs.

Un texte "irresponsable"

De fait, les premiers travaux présentés lundi par le rapporteur général n'ont pas été accueillis avec le même enthousiasme par toutes les branches de l'Eglise catholique. Les passages concernant les droits des homosexuels qui, selon le rapport synthétisant le résultat des premiers jours de débats, "ont des dons et des qualités à offrir à la communauté chrétienne", ou encore la perspective de l'accès aux sacrements pour les divorcés remariés, provoquent l'effet d'une onde de choc au cœur de la communauté religieuse.

Ainsi, si certains milieux non pratiquants ou progressistes ne cachent pas leur satisfaction, la grogne se prépare dans les cercles plus conservateurs, représentés par des pères du synode présents au Vatican. Ceux-ci ont laissé entendre leur perplexité après la lecture du rapport, estimant que le texte est "irresponsable" et "manque de prudence".

Une synthèse imparfaite?

De vives critiques s'élèvent par ailleurs aux Etats-Unis où, comme le rappelle le Figaro, les catholiques sont de fervents défenseurs de la vie. Mais aussi chez les évêques africains, qui perçoivent le mariage entre personnes de même sexe comme une conception et une préoccupation occidentales, à l'heure où l'homosexualité reste très sévèrement réprimée sur le continent noir. Enfin, en Pologne, bastion catholique et pays d'origine du pape Jean-Paul II, qui gouverna l'Eglise pendant 26 ans, cette petite révolution dans les enseignements historiques passe mal.

Par ailleurs, les méthodes de rédaction de la synthèse sont elles aussi sous le feu des critiques. Les intervenants, réunis en groupes de travail la semaine dernière, n'auraient eu droit qu'à quatre minutes de parole, ce qui les aurait contraints à orienter leur propos en fonction de leur origine géographique et de leurs problématiques locales, explique Famille Chrétienne. De fait, le document refléterait de manière imparfaite la substance des débats tenus au Vatican, en mettant trop fortement l'accent sur des thèmes qui seraient loin d'avoir occupé la première ligne des discussions, détaille l'hebdomadaire.

Dans l'embarras, Rome tente de sauver les meubles

Ces critiques ont poussé le Saint-Siège à tenter de désamorcer le mouvement de grogne en soulignant mardi, lors d'une conférence de presse, que le rapport de dix pages publié lundi n'était qu'un "document de travail" provisoire, destiné à être amendé avant d'être remis dans les mains du pape François, seul décideur en définitive. "Il ne s'agit en aucun cas d'un texte définitif", ont insisté plusieurs porte-paroles.

De son côté, le porte-parole du Saint-Siège, le père Lombardi, a souligné qu'une seconde session du synode se tiendrait en 2015 et que les véritables conclusions des travaux de la session en cours ne seraient connues qu'en fin de semaine. Autrement dit, Rome cherche à limiter la casse en minimisant le rôle de ce rapport intermédiaire, et la version définitive du document pourrait bien être édulcorée de ses aspects les plus progressistes. Et le Vatican de regretter que les questions de l'homosexualité et des divorcés remariés aient occulté les autres sujets abordés par le synode, qui vise à "aider les familles chrétiennes dans la société actuelle".