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ÉDITO - Sourires pincés pour un G20 inefficace: vers la fin de l'unité factice

Poutine quitte le G20 avant la clôture, le 16 novembre 2014.

Poutine quitte le G20 avant la clôture, le 16 novembre 2014. - Rob Maccoll - G20 Australie - AFP

Les G20 sont généralement des exercices convenus à l'avance, où les chefs d'État signent ce qui est déjà négocié. À Brisbane, ce système mou a été mis à mal, rien ne va plus à cause de la position dure de Vladimir Poutine.

À Brisbane, on ne mentionne pas ouvertement les Mistral, et l'on traite le virus Ebola en quelques mots sans plus. Les sherpas des chefs d'État prennent habituellement la peine de tout régler à l'avance: emploi du temps, communiqués, rencontres bilatérales. Mais cette fois-ci, ils n'ont pas réussi à faire leur travail préliminaire. François Hollande et Vladimir Poutine se voient en tête-à-tête pendant une heure, et il n'en sort rien de bien visible. Était-ce la peine d'aller jusqu'à Brisbane pour cela?

On est bien loin de l'ambiance du précédent G20, à Saint-Pétersbourg en septembre 2013. Poutine était encore fréquentable, et même s'il énervait bon nombre d'Occidentaux, il n'avait pas commis l'irréversible. Aujourd'hui, les diplomaties française, britannique et américaine ont derrière eux des semaines de dénonciation de la pénétration russe en Ukraine, et notamment le fait suivant: les agents russes, voire les soldats russes, et une abondance de munitions et équipements russes, entrent dans l'est ukrainien. Avec de telles paroles, les rencontres avec Poutine deviennent de stériles exercices d'amabilités creuses. L'intéressé semble se délecter de cette pudeur imposée: le chef d'État qui lui ferait des reproches publiquement passerait pour un malpoli.

Poutine moins isolé qu'on ne le dit

Et pourtant le président russe ne semble pas entièrement aimer l'ambiance. Il ne veut pas aimer l'ambiance. Hollande, David Cameron, Tony Abbott l'Australien, Stephen Harper le Canadien, lui font sentir leur hostilité contenue. Cependant, les dirigeants de l'Inde, de la Chine, de l'Argentine, du Brésil, de l'Indonésie, pour ne parler que d'eux, n'ont nullement cherché à coincer le Russe, et Dilma Roussef a partagé sa table de déjeuner.

Le G20 est devenu une mini-ONU dévouée à la croissance. Heureusement que Barack Obama a lancé les sujets climatiques pour faire un peu distraction, pour le bien et en opposition à la volonté de Tony Abbott qui avait lui imposé le silence sur le climat! Les lignes de fractures au G20 ne sont pas uniquement celles d'une nouvelle guerre froide contre la Russie, mais aussi une lutte entre les climatosceptiques et les écologiquement sensibles. Tout cela est beaucoup trop explosif pour tenir dans un G20. Voilà pourquoi les sourires sont très, très pincés.