Duel entre komorowski et kaczynski au 2e tour en pologne

Bronislaw Komorowski, président de la chambre basse du parlement et chef de l'Etat par intérim, est arrivé en tête dimanche du premier tour de l'élection présidentielle polonaise. /Photo prise le 20 juin 2010/REUTERS/Peter Andrews - -
par Gareth Jones
VARSOVIE (Reuters) - Bronislaw Komorowski, président de la chambre basse du parlement et chef de l'Etat par intérim, est arrivé en tête dimanche du premier tour de l'élection présidentielle polonaise, selon des sondages sortie des urnes.
Les sondages donnent entre 41% et 46% des suffrages à Komorowski, contre 36% à son principal adversaire, Jaroslaw Kaczynski, frère jumeau du défunt président Lech Kaczynski, décédé dans un accident d'avion en avril.
Les huit autres candidats sont largement distancés et se retrouvent éliminés. Les deux rivaux seront opposés dans un 2e tour qui aura lieu dans deux semaines, le 4 juillet, et qui déterminera le président pour les cinq ans à venir.
Quelque 30 millions de Polonais étaient appelés à élire dimanche un nouveau chef d'Etat, deux mois après le décès du président Lech Kaczynski dont l'avion s'était écrasé en Russie.
Ce scrutin devrait donner le ton des réformes économiques et des relations de Varsovie avec ses partenaires de l'Union européenne et son vieil ennemi russe.
Bronislaw Komorowski, qui, en tant que président de la chambre basse du parlement, assure l'intérim à la tête de l'Etat, et Jaroslaw Kaczynski sont tous deux issus du combat mené par le syndicat Solidarité jusqu'à la chute du régime communiste, en 1989.
Mais ces deux catholiques conservateurs qui défendent les valeurs familiales diffèrent par leur style et sur de nombreux points, notamment par leurs opinions sur la place de la Pologne dans l'Europe, l'adhésion ou non à l'euro et les réformes à mener.
EUROSCEPTIQUE
Tous les sondages donnaient Bronislaw Komorowski, candidat de la Plate-forme civique (PO, droite libérale, majoritaire), vainqueur de l'élection.
Mais Jaroslaw Kaczynski, de Droit et Justice (PiS, droite conservatrice), eurosceptique convaincu, a refait une partie de son retard en menant notamment campagne sur le thème de la solidarité après la tragédie suscitée par la mort de son frère et d'une grande partie de l'élite politique, le 10 avril, dans un accident d'avion près de Smolensk en Russie et les inondations catastrophiques de ces dernières semaines.
La campagne en forme de duel a privé les autres candidats de toute ambition. Grzegorz Napieralski, le candidat du parti de gauche SLD, héritier du Parti communiste, arrive en troisième position, loin derrière les deux favoris.
La Constitution polonaise accorde l'essentiel des pouvoirs politiques au gouvernement, que dirige Donald Tusk (PO). Mais le président peut opposer son veto à des lois, procède à nombre de nominations dont le gouverneur de la banque centrale et influence la politique étrangère et de sécurité.
Lech Kaczynski, élu en 2005, avait ainsi bloqué certaines réformes d'inspiration libérale voulues par le gouvernement Tusk, comme les retraites, la santé ou les médias.
Le Premier ministre redoute que son frère, en cas d'élection, ne perpétue cette tradition du veto, notamment pour contrecarrer l'entrée de la Pologne dans l'euro et ne transforme la présidence en quartier général du PiS en vue des législatives de l'année prochaine.
"Un succès de Jaroslaw Kaczynski, ce serait un enfer politique", a-t-il récemment déclaré, accusant les partisans du candidat conservateur de mener une campagne de dénigrement visant "à prouver que Tusk collabore non seulement pour la Wehrmacht mais aussi pour l'Armée rouge et que Komorowski est le laquais des grandes puissances menées par la Russie".
Jaroslaw Kaczynski, qui a fêté ses 61 ans ce vendredi, a été brièvement Premier ministre en 2006-2007. Ses opinions nationalistes, notamment sa suspicion très forte envers l'Allemagne et la Russie, avaient tendu les relations de la Pologne avec ses voisins et avec l'Union européenne.
Henri-Pierre André, Danielle Rouquié et Pascal Liétout pour le service français