Dixième jour de bombardements sur Homs, indignation à l'Onu

Dans le quartier Bab Amro, à Homs. Les forces syriennes ont bombardé mardi pour le onzième jour consécutif la ville de Homs et étendu leurs attaques à d'autres localités dans les environs de Damas. /Photo prise le 13 février 2012/REUTERS - -
par Khaled Yacoub Oweis et Erika Solomon
AMMAN/BEYROUTH (Reuters) - Les forces de Bachar al Assad ont bombardé mardi en Syrie pour le onzième jour consécutif la ville de Homs et étendu leurs attaques à d'autres localités dans les environs de Damas.
Selon un opposant joint par Skype de Beyrouth, les affrontements ont repris à Rankous, agglomération située dans la campagne près de Damas, où les liaisons téléphoniques ont été coupées et où de nombreux habitants se sont enfuis. Des bombardements ont également été signalés à Rastan.
La situation ne cesse d'empirer dans toutes ces localités, disent les opposants; tandis que le quartier de Baba Amro, place forte de l'opposition, à Homs connaissait sa cinquième journée de pilonnage. Les prix de la nourriture et du carburant ont triplé et des bandes se livrent à des pillages, a expliqué l'un d'eux, Mohamed al Homsi.
"L'armée dresse de plus en plus de barrages autour des quartiers de l'opposition, les bombardements sont désormais méthodiques. Ils sont intenses le matin, puis il y a une accalmie l'après-midi et ça reprend le soir", a-t-il dit.
Un autre habitant de Homs, joint par téléphone, Hussein Nader, a déclaré: "Les obus tombent n'importe où. Dans les immeubles résidentiels (de Baba Amro), quasiment tout le monde s'est installé au rez-de-chaussée. On peut trouver six familles vivant ensemble dans les étages inférieurs."
Il est difficile de vérifier de manière indépendante la situation sur le terrain en raison des restrictions imposées au travail des journalistes.
NAVI PILLAY "BOULEVERSEE"
D'après les opposants, l'intensité du pilonnage de la ville de Homs a alimenté la colère de la population et contribué à l'organisation de davantage de manifestations contre le régime.
Le début de la campagne de bombardements sur Homs, théâtre de nombreuses manifestations antigouvernementales depuis mars 2011, a coïncidé avec le veto opposé le 4 février au Conseil de sécurité des Nations unies par la Russie et la Chine à un projet de résolution soutenant les plans de la Ligue arabe.
Cette dernière a proposé la mise à l'écart du président Assad pour mettre fin à la crise en Syrie.
Devant l'Assemblée générale de l'Onu, Navi Pillay, Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, a déclaré lundi que cette impasse au Conseil de sécurité avait incité le régime syrien à déclencher "un assaut d'une force impitoyable" à Homs.
"Je suis bouleversée de voir que la poursuite de la répression impitoyable ainsi que l'incitation délibérée des tensions pourraient bientôt plonger la Syrie dans une guerre civile. Aussi longtemps que la communauté internationale échouera à prendre des mesures, les populations civiles souffriront des innombrables atrocités commises à leur encontre", a-t-elle dit.
"LES AMIS DE LA SYRIE"
Président de l'Assemblée générale de l'Onu, le Qatari Nassir Abdoulaziz al Nasser a pour sa part déclaré à Al Djazira: "La situation sur le terrain est insupportable. "Il y a un projet de résolution arabe, qui, je pense, sera distribué aux pays membres aujourd'hui ou demain et fera l'objet d'un vote cette semaine."
Contrairement au Conseil de sécurité, une résolution de l'Assemblée générale de l'Onu ne peut pas être contrée par un veto mais elle n'a pas de valeur contraignante.
La Ligue arabe, où le Qatar joue un rôle moteur au sujet de la Syrie, a proposé à l'Onu le déploiement d'une mission conjointe. Cette idée n'a pour l'instant pas recueilli un large soutien, y compris auprès des pays occidentaux.
La Russie réclame pour sa part un cessez-le-feu préalable.
Au cours d'un entretien téléphonique lundi, le président américain, Barack Obama, et le Premier ministre britannique, David Cameron, se sont entendus sur la nécessité d'une "unité internationale".
Les deux hommes ont évoqué "des initiatives supplémentaires à l'Onu et une coalition large et forte au sein du nouveau groupe des Amis de la Syrie", a dit un porte-parole du 10, Downing Street. Ce groupe des Amis de la Syrie doit se réunir pour la première fois le 24 février en Tunisie.
Les deux dirigeants ont aussi "évoqué la possibilité d'un renforcement de la pression sur le régime Assad par le biais de sanctions supplémentaires", a ajouté un porte-parole de David Cameron.
Avec Louis Charbonneau aux Nations unies, Bertrand Boucey et Pierre Sérisier pour le service français, édité par Gilles Trequesser