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Des propos racistes découverts dans plusieurs documents officiels britanniques

L'entrée du 10 Downing Street, résidence du Premier ministre britannique.

L'entrée du 10 Downing Street, résidence du Premier ministre britannique. - CARLOS JASSO / AFP

Après les accusations de racisme à l'encontre de la famille royale britannique, c'est au tour du gouvernement de s'expliquer. Le "N-word' a été retrouvé dans plusieurs documents officiels.

Le racisme est apparemment récurrent dans les sphères officielles britanniques. En début de semaine, un catalogue de la collection d'art de la famille royale qui contenait plus de 40 fois le mot "nègre" a fait polémique au Royaume-Uni, et au-delà de ses frontières. Mais ce n'est pas tout.

L'enquête menée par le quotidien The Independent révèle que ces termes racistes ternissent de nombreux documents officiels outre-Manche. Une journaliste a récemment pointé du doigt deux documents d'immigration, chacun concernant le droit d'un demandeur d'asile à rester au Royaume-Uni. Y figure, écrit en toutes lettres, le mot "négroïde", soit un terme offensant pour définir des caractéristiques morphologiques attribuées aux Noirs.

Le premier concerne l'audience d'appel d'un enfant de 17 ans, "membre du clan Tunni" qui avait fui la Somalie par crainte de persécutions, et dont l'accord du statut de réfugié avait été rejeté en première instance par le ministère de l'Intérieur. Le document, publié en 2005 et mis à jour en 2013, explique qu'il y a deux groupes de Tunni : ceux de la Brava et ceux de la campagne, les Torre. Ces derniers sont définis comme "un groupe négroïde fédéré aux Tunni de Brava en tant que vassaux".

Ministère du travail, des Affaires étrangères, site officiel...

Dans le deuxième document daté de 2005, traitant également du droit d'un Somalien à rester en Grande-Bretagne, on peut lire à propos de son apparence physique: "Caractéristiques négroïdes, en particulier les cheveux", relève The Independent.

Ce propos raciste est aussi l'apanage d'autres documents officiels. Le quotidien britannique l'a retrouvé dans des directives du ministère du Travail et des pensions à l'intention des médecins qui évaluent les demandeurs d'allocations, dans un rapport du service national britannique de météorologie, le Met Office, sur l'impact du rayonnement solaire sur la santé humaine, sur le site web du ministère des affaires étrangères du gouvernement britannique ou encore sur le site web officiel du gouvernement.

Sur le site du ministère des Affaires étrangères, un commentaire - sous un article à propos de la visite de l'ancien ambassadeur du Royaume-Uni en Somalie en 2012 - utilisait le terme négroïde. Il qualifiait également les Somaliens de "personnes très rusées et cupides" et affirmait que la Somalie devait être "sauvée d'elle-même". Un commentaire qui n'avait pas été régulé jusqu'à ce que le média alerte sur son existence.

Des demandes d'enquêtes approfondies

Depuis ces découvertes, les critiques d'un grand nombre de politiciens ou de militants se multiplient. Et les demandes d'enquêtes approfondies sur la présence du "N-word" dans les documents gouvernementaux se font de plus en plus pressantes. Cette requête a notamment été formulée par la vice-présidente du groupe parlementaire multipartite sur la race, Kim Johnson, auprès du ministre du Bureau du cabinet, Jeremy Quin.

"Il est tout à fait scandaleux qu'un tel langage soit encore utilisé dans des documents officiels du gouvernement", peut-on lire dans sa lettre.

Dans une tribune publiée dans The Independent, elle émet le doute que ce ne soit que "la partie émergée de l'iceberg". Elle ajoute: "Un tel langage va bien au-delà de l'offense. Il révèle l'impact de générations de politiques gouvernementales déshumanisantes, utilisées dans des décisions susceptibles d'avoir un effet dévastateur sur la vie des Noirs et des personnes appartenant à des minorités ethniques dans ce pays".

Le porte-parole officiel du Rishi Sunak avait dénoncé la présence du "N-word" comme étant "inappropriée et offensante" dès les premières révélations de The Independent au début du mois de juillet. Downing Street avait toutefois refusé les demandes d'enquêtes, se disant "confiant" que le mot n'apparaissait plus dans aucun document. Raté.

Juliette Brossault