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Cuba, conflit Inde-Pakistan: les dernières fois où la dissuasion nucléaire a été mise à l'épreuve

Une vue aérienne de Cuba, photo prise le 23 octobre 1962, en plein cœur de la crise des missiles entre les États-Unis et l'Union soviétique

Une vue aérienne de Cuba, photo prise le 23 octobre 1962, en plein cœur de la crise des missiles entre les États-Unis et l'Union soviétique - HO - AFP

Les tensions causées par la guerre menée par la Russie en Ukraine ont atteint un nouveau pallier, dimanche après-midi, quand Vladimir Poutine a brandi la menace nucléaire.

La doctrine de la dissuasion nucléaire, brandie par Vladimir Poutine dans le cadre de la crise russo-occidentale autour de l'Ukraine, a déjà été mise à l'épreuve, notamment lors de la crise des missiles à Cuba en 1962 puis en 2001-2002 lors de la confrontation entre l'Inde et le Pakistan.

• 1962: la crise des missiles à Cuba

En octobre 1962, au plus fort de la guerre froide, une épreuve de force de treize jours oppose le jeune président américain John Kennedy et le dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev. Des photos prises par un avion espion américain révèlent la présence à Cuba, allié de Moscou, de rampes soviétiques de lancement de missiles, à portée des côtes américaines.

Jugeant possible une "frappe nucléaire contre l'hémisphère occidental", Kennedy décide la mise en quarantaine de l'île, avec un blocus maritime.

Les forces stratégiques sont placées en état d'alerte maximum, niveau précédant juste le déclenchement de la guerre nucléaire. Des centaines de bombardiers atomiques patrouillent le ciel et des missiles intercontinentaux sont armés.

Les navires soviétiques rebroussent chemin et un accord entre les deux puissances se prépare en coulisses: retrait des missiles soviétiques contre retrait des missiles américains en Turquie. C'est alors qu'un U2 est abattu au-dessus de Cuba.

Kennedy envoie son frère Robert, ministre de la Justice, négocier avec l'ambassadeur soviétique. Khrouchtchev accepte de retirer ses missiles. Washington promet de ne pas envahir Cuba, et secrètement de retirer ses fusées de Turquie.

Après cette crise, un "téléphone rouge" est mis en place en 1963, permettant à la Maison Blanche et au Kremlin de communiquer directement.

• 2001-2002: la dispute du Cachemire entre l'Inde et le Pakistan

En mai 2002, l'Inde et le Pakistan, qui se disputent le Cachemire depuis leur partition en 1947, sont au bord d'un nouvel affrontement.

L'Inde attribue à des islamistes venus du Pakistan une attaque suicide contre le Parlement de New Delhi le 13 décembre 2001, qui a fait 14 morts. Les deux pays, puissances atomiques depuis 1998, mobilisent près d'un million d'hommes à leurs frontières, notamment au Cachemire.

En avril 2002, le président pakistanais Pervez Musharraf déclare envisager "le recours à l'arme nucléaire". "Si le Pakistan tout entier menace de disparaître de la carte, alors la pression deviendrait trop grande pour notre peuple, et il faudrait prendre en compte aussi cette option: la bombe atomique en cas de besoin".

Le ministre indien de la Défense George Fernandes fait valoir qu'en cas d'attaque nucléaire "l'Inde pourrait survivre mais pas le Pakistan".

Pendant deux ans, New Delhi et Islamabad se répondent à coups d'essais de missiles, puis s'engagent sous la pression de Washington dans une désescalade, qui aboutit à un cessez-le-feu en novembre 2003, puis à un processus de dialogue en janvier 2004.

Les États-Unis sont le seul pays du monde à avoir utilisé des armes nucléaires, en 1945 au Japon. Les attaques sur Hiroshima (140.000 morts), puis sur Nagasaki (74.000) trois jours plus tard ont précipité la capitulation du Japon et la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Jérémy Maccaud avec AFP